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Nos missions

<< Nul n’a autant besoin d’un sourire que celui qui ne peut en donner aux autres >>

 

Raoul Follereau

Le 1er mars 2024, la 3ème Journée mondiale des Maladies Tropicales Négligées a été célébrée en Côte d’Ivoire, sous la présidence de monsieur Pierre N’Gou Dimba, ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle.

 

Pour sa 3ème édition en Côte d’Ivoire, la Journée mondiale des Maladies Tropicales Négligées (MTN) s’est tenue à l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny, à Yamoussoukro. La capitale ivoirienne a vu se rassembler, ce jour-là, de nombreux partenaires de la lutte contre les MTN, aux côtés du ministère de la Santé et des Programmes nationaux.

Lors de son discours, Pierre Velut, représentant de la Fondation Raoul Follereau en Côte d’Ivoire, a souhaité saluer le travail commun de l’ensemble des acteurs et partenaires : 

 

 

,,Chers acteurs de la lutte, chers partenaires, chers scientifiques, chers étudiants, chers tous,

 

Au nom de la Fondation Raoul Follereau, je suis ravi de m’adresser à vous aujourd’hui.

Votre présence à tous en ce lieu, l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro revêt une signification profonde, celle de nous retrouver tous réunis, acteurs, partenaires, dans une lutte commune contre les Maladies Tropicales Négligées (MTN). Beaucoup de chemin a été parcouru : il y a 3 ans, la Journée mondiale des Maladies Tropicales Négligées n’existait pas et les acteurs travaillaient en silos.

Cette journée qui nous rassemble est le résultat de la volonté des association de malades affectées par les MTN, des États, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du gouvernement de Côte d’Ivoire, des Programmes nationaux, des partenaires de s’unir dans la lutte contre les MTN. Aujourd’hui notre rassemblement symbolise l’unité, la solidarité et la détermination face aux défis de santé souvent méconnus liés à ces maladies.

Raoul Follereau disait :  » Tout travail est noblesse que l’on accroche à une étoile. » Je crois que notre travail commun, nos actions sont une réponse impressionnante aux défis que nous devons relever pour une Côte d’Ivoire libérée des Maladies Tropicales Négligées.

 

La création de l’AIPA MTN

Je voulais saluer également la création récente de l’Association Ivoirienne des Personnes affectées par les Maladies Tropicales Négligées – l’AIPA MTN – et le lancement de campagnes de sensibilisation contre la stigmatisation et l’exclusion. Cela démontre la puissance de l’éducation et de la compréhension, particulièrement venant d’anciens malades ayant vécu ces réalités.

Félicitations à cette nouvelle association composée de bénévoles, dont beaucoup sont d’anciens malades des Maladies Tropicales Négligées, engagés dans la sensibilisation des communautés sur les dangers liés à ces maladies.

Nous remercions également toute l’équipe qui s’est mobilisée pour que nous puissions être ensemble aujourd’hui, soulignant l’importance cruciale de l’engagement commun dans la lutte contre ces maladies méconnues :

Le Ministère de la santé et de l’hygiène publique
L’Organisation mondiale de la Santé
Les programmes nationaux de lutte contre les MTN
Les partenaires incontournables de la lutte
La Fondation Anesvad, Hope Commission, FHI 360, Coptiment, ALM, Sightsavers, la Fondation Sassakawa, l’AIPA MTN,
L’USAID et la présence de son représentant

 
L’apport de la Fondation Raoul Follereau

En ce qui concerne l’apport de la Fondation Raoul Follereau dans cette lutte, suite à la déclaration d’Abidjan en présence du Premier ministre de la Côte d’Ivoire, nous ciblons avec les partenaires et les programmes nationaux, les 10 districts les plus endémiques de Côte d’Ivoire à l’horizon 2030. Nous avons démarré dans les districts de Gagnoa, Soubré, Daloa, Zouan-Hounien, et très bientôt, nous l’espérons, à Yamoussoukro.

Dans chaque district et sur une période d’environ 18 mois, les équipes composées de médecins et d’infirmiers des Programmes nationaux établissent la liste des villages endémiques au cours des 10 dernières années à la lèpre, l’ulcère de Buruli et au pian. Ils effectuent le recensement de la population des villages cibles avec une équipe dédiée et effectuent des dépistages avec pour objectif un taux de couverture d’environ 90% afin de rompre la chaîne de transmission.

Les cas dépistés sont mis sous traitement, et pour les cas de lèpre, les équipes mettent en œuvre la chimioprophylaxie des contacts, faisant de la Côte d’Ivoire l’un des premiers pays au monde à essayer ce traitement préventif. Ce travail colossal mobilise des équipes complètes dans chaque district, sur 18 à 24 mois. Pour vous donner une idée, dans le district de Gagnoa, cela représente environ 200 000 personnes à examiner et à dépister.

Les équipes recensent, dépistent, traitent. Mais il faut aussi pouvoir assurer la prise en charge. C’est dans ce processus que la Fondation Raoul Follereau soutient 4 centres d’orientation et de référence à l’intérieur de la Côte d’Ivoire à Bouaké, à Zouan-Hounien, à Divo et à Adzopé, assurant des services chirurgicaux et les hospitalisations.

Nous voulons innover au niveau des traitements médicaux qui sont très lourds en particulier pour la lèpre et l’ulcère de Buruli et menons actuellement, avec les partenaires, 2 projets de recherche visant à réduire la durée du traitement de l’ulcère de Buruli de 8 à 4 semaines et à tester une nouvelle molécule pour limiter les réactions du traitement de la lèpre.

La lutte contre les MTN, c’est également une vision holistique de la personne et une prise en charge complète du malade. C’est pourquoi nous voulons mettre l’accent sur le suivi psychologique des patients en développant les services sociaux des Programmes nationaux afin que chaque centre de prise en charge puisse bénéficier d’une assistante sociale et que les malades puissent être écoutés et pris en charge psychologiquement.

 

Les programmes développées et soutenus par les partenaires

Depuis 2016, l’USAID soutient le gouvernement de Côte d’Ivoire à travers le programme Act West piloté par FHI 360 pour la lutte contre les MTN à chimio-prévention. Cela comprend : le traitement de masse intégré, la réalisation des évaluations d’impact de la filariose lymphatique, l’onchocercose et le trachome, et la pérennisation des acquis de lutte contre les MTN à chimio-prévention.

Grâce à American Leprosy (ALM), la formation initiale et continue intégrée des agents de santé à la lutte contre les MTN se poursuit en collaboration avec l’INFAS.

Hope Commission International met l’accent actuellement sur 2 aspects que sont la réinsertion socio-économique des malades des MTN et la recherche active des cas, ainsi que le renforcement des capacités des acteurs à l’aide de la télé-dermatologie.

La Fondation ANESVAD apporte un appui inestimable dans la lutte contre les MTN cutanées, à travers le renforcement du système de santé, l’appui aux Programmes nationaux ainsi que la mise en place de projets novateurs de dépistages intégrés.

 

Je tiens à exprimer, au nom de la Fondation Raoul Follereau, notre profonde reconnaissance d’abord à mon pays de cœur, la Côte d’Ivoire, à la ville de Yamoussoukro et à son université pour son accueil chaleureux, au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique de Côte d’Ivoire, aux Programmes nationaux et aux partenaires pour votre participation active à cette journée.

Merci de contribuer à la vision d’une Côte d’Ivoire plus forte et plus solidaire que nous construisons tous ensemble.

Pierre Velut

Représentant de la Fondation Raoul Follereau en Côte d'Ivoire

Le 23 janvier dernier, au siège de la Fondation Raoul Follereau à Paris, se sont réunis une quarantaine de représentants des laboratoires et des institutions du monde entier impliqués dans la recherche sur les traitements de la lèpre et de l’ulcère de Buruli. La réunion a porté sur une nouvelle molécule prometteuse : Telacebec.

 

« Les équipes de recherche ne peuvent réaliser le travail seules, chacune a des atouts que l’on peut mutualiser » souligne le docteur Christian Johnson, directeur médical de la Fondation Raoul Follereau, à l’issue de la réunion du 23 janvier.

Depuis les années 1980, époque à laquelle la Fondation Raoul Follereau participe activement à l’élaboration du traitement par la polychimiothérapie (PCT), la recherche sur les traitements de la lèpre et de l’ulcère de Buruli a toujours été l’un de ses objectifs prioritaires. Il s’agit de surveiller les résistances à la PCT pouvant apparaître et de prévoir des solutions alternatives. C’est dans ce cadre qu’à partir de 2019, un projet de recherche est mené à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, avec le soutien de la fondation, pour évaluer l’efficacité d’une nouvelle molécule Q203 dite Telacebec.

La molécule Telacebec a été découverte et développée avec succès par la société Qurient qui en a cédé les droits à l’entreprise sud-africaine TB Alliance, laquelle travaille à l’amélioration du traitement de la tuberculose. Or les bacilles de la tuberculose, de la lèpre et de l’ulcère de Buruli appartiennent à la même famille. A but non lucratif, ayant pour pour finalité d’apporter des traitements aux malades, TB Alliance a accepté de mettre à disposition la molécule pour la recherche sur la lèpre et l’ulcère de Buruli. Des équipes de chercheurs de ces deux maladies ont ainsi commencé à travailler parallèlement sur la molécule, avant de décider de mutualiser leurs moyens à la fin de l’année 2023.

« Collaborer à une œuvre collective. »

Basées en Australie, en Belgique, au Brésil, aux Etats-Unis, en Ethiopie, en France, au Ghana, en Inde, au Japon, aux Pays-Bas, aux Philippines, au Royaume-Uni et en Suisse, toutes les équipes travaillant sur la lèpre et l’ulcère de Buruli ont répondu à l’invitation de la Fondation Raoul Follereau et participé à la réunion du 23 janvier, en présentiel ou à distance. L’enthousiasme était palpable : « c’est exceptionnel » partage un participant, « je suis très marquée par cette réunion qui rassemble des équipes du monde entier pour partager nos données et nos expériences » témoigne encore Bouk de Jong, de l’institut de médecine tropicale d’Anvers. La réunion était co-organisée par la fondation et par TB Alliance, en présence d’Eugene Sun, responsable de la recherche et du développement de l’entreprise.

Les axes de travail ont été définis et confiés à trois groupes : finaliser les études précliniques à la Pitié Salpêtrière pour le traitement de la lèpre, étudier les possibilités de prévention permises par la molécule en combinaison avec d’autres, travailler aux essais cliniques (un premier essai est lancé pour le traitement de l’ulcère de Buruli en Australie), déterminer les ressources financières.

Au terme de cette rencontre internationale, Oleg Ouss, président du Directoire de la Fondation Raoul Follereau, témoigne de l’esprit de collaboration, moteur du projet : « les intérêts personnels ont été dépassés laissant place à une volonté de collaborer à une œuvre collective. »

 

De gauche à droite, en haut : Natalya Serbina (TB Alliance USA), Alexandra Aubry (Centre d’immunologie et des infections microbiologiques de la Sorbonne), Dr Christian Johnson (Fondation Raoul Follereau), Stewart Cole (Institut Pasteur, Fondation Raoul Follereau), Eugene Sun (TB Alliance), Wim van Brakel (Netherlands Leprosy Relief Foundation), Liesbeth Mieras (Netherlands Leprosy Relief Foundation), Emmanuelle Cambau (APHP GHU Paris Nord, Hôpital Bichat) ;
En bas : Kristen Cloots (Institute of Tropical Medicine, Andwerp), Bouke de Jong (Institute of Tropical Medicine, Andwerp), Ymkje Stienstra (University of Groningen), Oleg Ouss (Fondation Raoul Follereau). 

Photographie ©Marie-Charlotte Noulens

Les écoles chrétiennes sont de nouveau dans la tourmente dans le sud du Liban. Sous les bombes depuis le mois d’octobre, les habitants fuient massivement laissant les bancs des écoliers vides.

 

Depuis l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre dernier, le Proche Orient vit une escalade de la violence. La population du sud du Liban est prise en otage par les échanges de tirs entre Tsahal et le Hezbollah, groupe politique, paramilitaire et soutien du Hamas. Les villages de la frontière se sont vidés à 60 % de leurs habitants. Pour autant, les écoles chrétiennes tiennent bon et continuent leur mission éducative auprès de ceux qui restent, pauvres parmi les pauvres.

 

Soutenir les enseignants

 

« Notre école est fermée depuis le 10 octobre. En tant que directrice, je dois faire face à cette crise sécuritaire mais aussi financière. Nous avons du mal à percevoir les frais de scolarité. Parmi nos 600 élèves, 80 % sont pauvres. » Sœur Hyam, directrice du collège des Saints Cœurs à Marjayoun, s’inquiète pour l’avenir de son école. A la situation sécuritaire très dégradée s’ajoute une crise financière aggravée par le conflit. La plupart des habitants ont perdu leur travail et ne sont plus en capacité de payer les frais de scolarité. « Bientôt, nous ne pourrons plus payer les salaires des professeurs. » Dans le sud, une quarantaine d’établissements scolaires sont dans la même situation dont 10 écoles catholiques.

Le Secrétariat Général des écoles catholiques du Liban a demandé de l’aide auprès de plusieurs ONG, dont la Fondation Raoul Follereau, pour assurer les salaires des enseignants et maintenir ainsi les cours en ligne et donc la survie de l’école.

Depuis les années 1980, le nombre de malades atteints par la lèpre chaque année, au Bénin, a été divisé par six. Cette grande avancée est le fruit de quarante années de travail et d’une coopération qui se poursuit entre des acteurs engagés et pleinement dévoués aux malades.

 

« On ne travaille jamais seul contre la lèpre. » Ancien responsable du Centre de traitement anti-lèpre (CTAL) de Parakou, au centre du Bénin, Hyacinthe Ametepe est venu prêter main forte, ce matin-là, à son successeur, Illiassou Sabi Dera. Empruntant une route bordée d’échoppes et de karités, les deux infirmiers superviseurs de la lèpre se dirigent vers le centre de santé de Tchatchou, au centre du pays. À leur arrivée, le dispensaire bruisse de mouvements, de couleurs et d’échanges. Une quarantaine de personnes ont répondu à l’appel du crieur public qui, durant quatre jours, a annoncé le dépistage dans les villages alentour. La mission commence par un temps de sensibilisation en langue locale, et se poursuit avec les consultations. Toutes les maladies de peau sont alors examinées et soignées. Ce dépistage dit intégré est l’une des stratégies mises en place au Bénin pour repérer la lèpre tôt, à l’état de simples taches, avant qu’elle ne se traduise par des griffes ou des amputations.

« Le défi aujourd’hui c’est d’expliquer à la communauté des 13 millions de Béninois que la lèpre, c’est une tache et non des complications », souligne le Dr Jean-Gabin Houezo, coordonnateur du Programme national de lutte contre la lèpre et l’ulcère de Buruli (PNLLUB). Ce jour-là, à Tchatchou, aucun cas de lèpre ne sera dépisté mais plusieurs personnes se révèleront atteintes de la gale, une autre maladie tropicale négligée.

 

Un réseau d’acteurs se déploie sur tout le territoire

 

Au Bénin, jusqu’à la fin des années 1980, les malades de la lèpre recevaient un traitement à vie, la dapsone, et demeuraient pour la plupart dans des léproseries tenues par des religieux dévoués. Le traitement par la polychimiothérapie (PCT) est introduit dans le pays en 1987, dans la zone pilote du Zou où le prêtre infirmier Christian Steunou développe le centre de Davougon. L’essai est un succès, la PCT – qui permet une guérison en 6 à 12 mois – est appliquée dans tout le pays. Jusqu’alors réservée à un personnel de santé à part, la lutte contre la lèpre devient une activité de santé primaire.

Un réseau d’acteurs se structure et va mailler progressivement tout le territoire, avec une supervision de chaque niveau par le niveau supérieur : dans les communes, les infirmiers et les agents de santé, au plus proche de la population, apprennent à repérer les taches et à suivre les traitements. En cas de doutes ou de complications, ils orientent les malades vers l’un des 77 infirmiers superviseurs de la lèpre (ISL). Identifiés pour leurs compétences et leurs qualités humaines, les ISL reçoivent une formation spécifique et sont les chevilles ouvrières de la lutte contre la lèpre sur le terrain. Au niveau départemental, huit CTAL publics et privés comme ceux de Parakou, Davougon ou Majdrè, assurent le traitement des malades, prennent en charge les complications et abritent certains anciens malades, prennent en charge les complications et abritent certains anciens malades.  À Pobè, le CDTLUB (*) bâti en 2004 à la demande de l’État béninois par la Fondation Raoul Follereau et géré par elle, est une référence et offre une prise en charge multidisciplinaire de la lèpre et d’autres dermatoses. Enfin, le PNLLUB (*) est la clef de voûte du système et assure l’interface avec les partenaires. Actrice historique, la Fondation Raoul Follereau a dès l’origine apporté son soutien : « au début, aux côtés du ministère, nous ne connaissions que Follereau » se souvient Juste Houessou. M. Houessou est un ancien reconnu parmi les acteurs de la lutte contre la lèpre au Bénin :

« Ce qui m’a plu dans mon métier, c’est l’humain. Le malade de la lèpre, c’est un tout. Il faut aller le voir, s’intéresser à lui : qu’est-ce qui peut le freiner, l’empêcher de suivre le traitement ? Est-ce que sa famille le soutient ? »

Cette qualité d’attention et cette disponibilité aux malades apparaissent essentielles et partagées par les soignants de la lèpre. De la première génération des ISL, M. Houessou a connu la période des grandes endémies dans les années 1980 et les consultations foraines des années 1990. À cette époque, la Fondation fournit motos et véhicules aux équipes locales pour leur permettre d’assurer ces dépistages de masse dans les villages. Plus de 600 nouveaux malades sont alors dépistés par an dans le pays. Afin d’accueillir ces derniers dans les CTAL, les équipes veillent à réinsérer chez eux les malades guéris.

 

Sensibilisation par l’infirmier superviseur de la lèpre Illiassou Sabi Dera. ©Marie-Capucine Gaitte

 

 

 

Consultation par l’infirmier superviseur de la lèpre, Hyacinthe Ametepe. ©Marie-Capucine Gaitte

 

« Sans bruit, ils sont tout donnés aux malades »

 

 Au regard de tous les acteurs de la lutte contre la lèpre, la réinsertion des anciens malades est indispensable. Les malades arrivent au CTAL pour être examinés, recevoir leur traitement ou des soins pour des complications, mais n’y demeurent plus à vie. Des infirmiers, des agents de santé ou des assistants sociaux dans certains CTAL, vont leur rendre visite jusque dans les hameaux les plus éloignés. À Davougon, cela a été l’une des préoccupations du père Christian Steunou : « J’ai toujours refusé de créer un village de lépreux. Dès le départ, nous avons proposé aux malades de les aider à rentrer chez eux. Au besoin, nous demandions au chef de famille de nous céder un bout de terrain et nous l’aidions à y construire une case. » Depuis devenu un doyen réputé, le père Christian a inspiré de nombreux soignants au Bénin, tel le docteur Houezo :

« Rencontrer des soignants comme le père Christian qui travaillent dans l’ombre, sans bruit, avec le sens du devoir, donnant tout leur temps à ces personnes vulnérables, a soulevé en moi le désir d’être utile et servir les autres. »

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Cette cohésion entre les différents acteurs d’une part, et les stratégies mises en place au fil des ans d’autre part ont conduit à de grandes avancées dans la lutte contre la lèpre au Bénin. En 2023, moins d’un habitant sur 10 000 est touché par la lèpre, et moins d’une centaine de malades sont dépistés par an. Néanmoins, il existe une forte disparité entre les régions : le Zou, l’Atacora et le Plateau de l’Ouémé sont les zones les plus touchées où se focalisent aujourd’hui les actions du PNLLUB. Avec recul, l’ISL Houessou perçoit les enjeux actuels : « En santé publique, l’effort que l’on déploie lorsque les cas sont rares est beaucoup plus important. Il faut des moyens pour aller chercher les malades. » Sensibiliser et impliquer la population, donner les moyens aux agents de santé de rejoindre les malades jusque dans des lieux isolés, organiser des dépistages actifs, autant de clefs essentielles, aux yeux des soignants, pour parcourir « le dernier kilomètre ».

Cette longue chaîne d’acteurs luttant contre la lèpre se révèle unie par une vocation, la passion de l’humain. Ancienne responsable du CTAL de Madjrè, à l’ouest du pays, Sœur Alphonsine l’exprime ainsi :

« Quand les malades constatent qu’on les aime, qu’on n’a pas peur d’eux, ils vont suivre tout ce qu’on leur recommande. J’ai accueilli les malades et ils m’ont accueillie. Je ne les abandonne pas, je fais tout ce que je peux pour eux. »

 

Retrouvailles entre un ancien malade et l’infirmière, Sœur Alphonsine, à Madjrè. ©Marie-Capucine Gaitte

 

CDTLUB : centre de traitement de la lèpre et de l’ulcère de Buruli
CTAL : centre de traitement anti-lèpre
ISL : infirmier superviseur de la lèpre
PNLLUB : Programme national de lutte contre la lèpre et l’ulcère de Buruli

Photographie en couverture : à Parakou, une élève-infirmière aide une malade à pratiquer l’auto-soin. ©Marie-Capucine Gaitte

À l’est du Tchad, l’afflux de réfugiés du Soudan, depuis avril dernier, soulève de grands enjeux sanitaires parmi lesquels la lutte contre la lèpre.

 

Le 15 avril 2023, à Khartoum, éclatait un conflit entre deux groupes armés du Soudan jusqu’alors alliés – les Forces armées soudanaises (SAF),  et des paramilitaires, les Forces de soutien rapide (RSF). Parallèlement aux combats meurtriers qui se poursuivent entre les deux factions, la population civile subit depuis lors pillages, destructions et de multiples violences.

À ce jour, plus de 7 millions de personnes ont fui les exactions, près de 600 000 ayant trouvé au Tchad. Or, depuis 2020, les personnes arrivant du Soudan représentent plus de 85% des malades dépistés dans les provinces de l’est du Tchad. En fin de septembre dernier, une mission de dépistage a donc été menée dans la ville frontalière d’Adré, suivie d’une deuxième en décembre dans la province du Sila.  

 

Former pour agir auprès du plus grand nombre

 

Des milliers d’abris de toiles blanches défilent sous le regard de l’équipe venue de N’Djamena. Dans le véhicule, ces quatre acteurs de la lutte contre la lèpre au Tchad sont saisis face à la situation de grande détresse des réfugiés : le coordonnateur du Programme national de lutte contre la lèpre (PNLL), l’infirmier de la Délégation sanitaire provinciale du Ouaddaï, l’infirmière Geeske Zipj de la Mission évangélique contre la lèpre (MECL) et le docteur Defiah Paka de la Fondation Raoul Follereau. Leur priorité, en cette fin de septembre, est de transmettre aux trente infirmiers présents dans les camps de réfugiés d’Adré les méthodes pour dépister la lèpre. L’équipe sensibilise également les personnes-relais afin qu’elles annoncent les dépistages à venir dans leurs communautés. Le premier dépistage effectué révèle une propagation de la gale dans les camps et les premiers cas de lèpre.

Au cours du mois de décembre, une deuxième mission est menée par le PNLL appuyé par la Fondation Raoul Follereau et la MECL, plus au sud, dans la province de Sila où se dirigent également les réfugiés. Là encore, les soignants sont marqués par le désarroi et l’état de grande souffrance des familles réfugiées, dans les camps de la province –  Djabal, Zabout, et Goz Amir – et les centres de santé. Au vu du nombre croissant de réfugiés dans les camps (plus de 60 000 nouveaux arrivés dans le seul camp de Zabout), l’équipe a formé une soixantaine de relais communautaires et de crieurs publics afin que ceux -ci puissent sensibiliser la population sur la lèpre et annoncer les consultations en dermatologie. Elle a ensuite procédé aux dépistages et formé les infirmiers présents dans les centres de santé et les camps. 

Alors que des centaines de réfugiés franchissent chaque jour encore la frontière, les infirmiers d’Adré et du Sila sont désormais formés et munis de traitements contre la lèpre. 

Le sourire paisible, Soeur Joany accueille les malades se présentant au centre d’Ampasy, au sud de Madagascar, tels que Noëline et ses enfants.

 

« À la maison, nous n’avions qu’une petite marmite de riz, mais ma grand-mère nous apprenait à la partager avec les pauvres. » Joany Ravaoary grandit dans une fratrie de neuf enfants et, inspirée par son aïeule, décide très jeune de prendre soin des autres. Aspirant à se mettre au service des malades les plus vulnérables, elle devient infirmière et religieuse chez les Filles de la charité de St Vincent de Paul.

Dans chaque centre où elle a travaillé, Sœur Joany découvre l’exclusion vécue par les malades de la lèpre, rejetés parfois jusqu’au fond des forêts. Le regard voilé, elle se remémore certaines rencontres : « De vieilles femmes malades se cachaient, les gens en avaient peur et les tenaient à l’écart. Cela me faisait mal au cœur de les voir ainsi… ».

Dans son village isolé dans les montagnes, Noëline – tête d’affiche pour la 71ème journée mondiale des malades de la lèpre – a longtemps vécu ce rejet par des habitants l’accusant d’être maudite. Après avoir été dépistée, elle est restée un an au centre de traitement d’Ampasy, accompagnée de ses enfants, où elle guérit. Lorsque Sœur Joany, devenue responsable du centre en 2019, la rencontre, Noëline est de retour en raison de plaies chroniques au pied. La soignante est immédiatement touchée par cette jeune femme courageuse, dévouée à ses enfants, que le mari a abandonnée.

 

Rendre une vie normale aux anciens malades

 

Depuis 2019, le centre d’Ampasy est devenu une référence pour la prise en charge des complications liées à la lèpre. Sa responsable a également à cœur de rendre une vie digne aux anciens malades. Avec le soutien de la Fondation Raoul Follereau, elle œuvre à leur réinsertion en les aidant à développer une activité, à scolariser leurs enfants. « Quand on aide un ancien malade à construire une case, celui-ci se sent à nouveau « une personne normale. » »

Sœur Joany se réjouit aujourd’hui de voir deux jeunes hommes soignés à Ampasy devenir infirmiers à leur tour : « ces anciens malades vont être nos relais pour lutter contre la lèpre ».

 

 

Découvrez l’histoire de Noëline 

 

La lèpre a beaucoup régressé ces 25 dernières années mais trop de personnes vulnérables en souffrent encore. La lèpre se déclare jusqu’à 20 ans après avoir été en contact étroit avec un malade. On comprend donc les difficultés rencontrées pour retrouver les sources de contamination et soigner tous les malades.

 

Aujourd’hui, on sait pouvoir rompre la transmission et progresser vers l’élimination de la lèpre en associant les stratégies de dépistage précoce à la chimio-prophylaxie préventive des contacts. Mais, sur le terrain, la pauvreté structurelle des pays et le manque d’accès aux soins des personnes vulnérables rendent souvent ceci théorique. La lèpre, présente mais rare, fait son lit dans des foyers reculés où il est difficile de sensibiliser, prévenir et soigner. Les personnels de santé n’ont plus la compétence des anciens, du temps où la lèpre était très fréquente. Faute de moyens, les services de l’Etat s’en sont souvent désintéressés car d’autres fléaux sont devenus prioritaires.

 

Depuis des siècles engagées auprès des malades, les communautés religieuses ont permis de contenir la lèpre lorsque les traitements étaient peu efficaces.  J’en ai eu un exemple récent en visitant l’ancien Centre Raoul Follereau à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie : dans le cimetière, les tombes des religieux côtoyaient celles des malades.  Aujourd’hui on guérit de la lèpre mais plus encore qu’avant, les partenariats sont nécessaires pour appréhender les étapes vers l’objectif zéro lèpre car ensemble tout devient possible. Parmi les partenaires, les donateurs jouent un rôle essentiel, qu’ils en soient sincèrement remerciés.

 

docteur Bertrand Cauchoix

Conseiller médical et représentant à Madagascar, Fondation Raoul Follereau

Chers amis,

En cette fin d’année, je tiens à remercier sincèrement les nombreux bienfaiteurs pour leur générosité. C’est leur présence à nos côtés qui nous permet de continuer notre mission.

Depuis 70 ans, la Fondation poursuit le combat de Raoul Follereau auprès des personnes fragilisées par la maladie, le manque d’accès à l’éducation et la pauvreté. Comme vous le savez, nos actions visent donc à soigner, éduquer et réinsérer les personnes les plus démunies.

En 2023, nous avons :

– accentué notre effort de dépistage de la lèpre et des maladies de peau,
– poursuivi notre action en faveur des enfants en grande difficulté (familles de malades, orphelins, enfants des rues…),
– continué d’accompagner d’anciens malades de la lèpre victimes d’exclusion ainsi que des personnes en précarité dans la création d’une activité génératrice de revenus.

Dans les pays où nous agissons, les crises successives ont accentué les difficultés de ces personnes pour lesquelles nous devons renforcer notre aide.

En 2024, nous souhaitons :

– concentrer nos efforts sur nos 4 pays prioritaires : le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Bénin et Madagascar pour y faire reculer la lèpre de manière significative,
– développer notre aide en faveur de la scolarisation des enfants dans les zones où la lèpre est endémique,
– renforcer l’accompagnement des personnes en difficulté, en particulier les anciens malades, dans le développement d’une activité génératrice de revenus.

C’est grâce au soutien renouvelé du plus grand nombre et à l’adhésion de nouveaux donateurs, que nous pourrons poursuivre le combat de notre fondateur pour aider les autres à vivre.

D’avance, un grand MERCI.

 

Oleg OUSS

Directeur des projets de la Fondation Raoul Follereau