Une nouvelle étude menée par des chercheurs à Paris et à Singapour révèle qu’une molécule prometteuse contre la tuberculose, le Télacébec, présente une efficacité sans précédent contre la bactérie responsable de la lèpre.
Le 8 mai dernier, la publication d’une nouvelle étude menée par une équipe composée de chercheurs de la Sorbonne Université, de l’Université Paris Cité (France) et de l’Université Technologique Nanyang (Singapour), a révélé qu’une molécule prometteuse contre la tuberculose, le Télacébec, présentait une efficacité sans précédent contre la bactérie responsable de la lèpre. Combiné à d’autres molécules, le Télacebec pourrait ouvrir la voie à des traitements plus courts et plus simples. L »étude a été financée notamment par la Fondation Raoul Follereau.
La lèpre, également connue sous le nom de maladie de Hansen, est une infection chronique causée par Mycobacterium leprae. Les traitements actuels , prescrits aux malades depuis les années 1980, reposent sur une polychimiothérapie (PCT) de six à douze mois. Or la longue durée de la PCT actuelle entraîne souvent des effets secondaires, des difficultés d’observance et l’émergence d’une résistance aux médicaments. Un des enjeux de la recherche actuelle sur la lèpre est donc d’élaborer un nouveau traitement.
Voir l’article de recherche écrit par Aurélie Chauffour, Emmanuelle Cambau, Kevin Pethe, Nicolas Veziris, Alexandra Aubry (2025) : Unprecedented in vivo activity of telacebec against Mycobacterium leprae | PLOS Neglected Tropical Diseases
Une efficacité remarquable de la molécule contre Mycobacterium leprae
Le Télacébec est une molécule qui perturbe la chaîne de production d’énergie des bactéries. Alors que Mycobacterium tuberculosis (la bactérie à l’origine de la tuberculose) peut survivre à une perturbation partielle grâce à des systèmes de secours, Mycobacterium leprae (le bacille responsable de la lèpre) a perdu bon nombre de ses voies génétiques au cours de l’évolution, ce qui le rend particulièrement vulnérable.
L’étude menée par l’équipe de recherche à Paris et à Singapour a montré qu’une dose orale unique de Télacébec a éliminé toutes les bactéries détectables chez les souris. Ce résultat démontre une efficacité remarquable de cette molécule sur la bactérie responsable de la lèpre.
Au cours de l’étude, les chercheurs ont testé plusieurs associations médicamenteuses – afin de limiter l’apparition de résistances au traitement favorisée par les monothérapies. Une autre étude menée au Mali avec le soutien de la Fondation Raoul Follereau, avait préalablement montré l’efficacité et la bonne tolérance chez l’adulte de la molécule Bédaquiline, dans le traitement de la lèpre. Dans l’étude menée sur Telacebec, les chercheurs ont dès lors testé l’association Télacébec + Bédaquiline : celle-ci a donné de bons résultats, comparables à ceux de la PCT actuelle.
Voir l’article : Une découverte majeure contre la lèpre grâce à un antituberculeux, la Bedaquiline
Prochaines étapes de l’essai
Bien que le Télacébec ait déjà démontré son innocuité et sa bonne pharmacocinétique lors d’essais cliniques sur l’homme pour la tuberculose, des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer son innocuité et son efficacité chez les patients atteints de lèpre en particulier. Des essais cliniques sur l’homme seront essentiels avant l’adoption de nouveaux protocoles thérapeutiques.
L’essai Tebula coordonné par la Fondation Raoul Follereau et financé par l’Union Européenne apportera sans doute des réponses à cette problématique ouvrant ainsi un nouvel espoir aux patients et aux systèmes de santé qui luttent pour éliminer l’une des plus anciennes maladies de l’humanité.
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