En Côte d’Ivoire, les acteurs luttant contre les maladies tropicales négligées (MTN) cutanées misent sur un meilleur accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement. A Soubré,
« Avant l’arrivée de la pompe au village, il fallait nous lever à 4h pour chercher l’eau ici, et le soir au retour des champs, on y revenait » partagent deux femmes au bord d’un marigot distant de 6 km de leur village Gadago, dans le district de Soubré. À leurs pieds, l’eau jaunâtre forme une mare – où les femmes des campements voisins viennent encore puiser. Le chef central de la localité rapporte les maladies sévissant lorsque les habitants boivent l’eau des marigots ou des puits non protégés : maladies de peau, bilharziose, diarrhées et choléra.
« Un grand pas vers le développement »
Géographe de la santé, le Dr Elysée Agodio confirme « le lien étroit constaté entre le manque d’eau potable sûre et le développement des maladies tropicales négligées (MTN) cutanées comme la lèpre ou le pian ». Ce dernier assure le suivi des projets de santé globale mis en œuvre par le ministère de la Santé de la Côte d’Ivoire, avec le soutien de la Fondation Raoul Follereau, dans les 10 districts sanitaires les plus atteints par la lèpre, tel celui de Soubré. En plus du dépistage des MTN, ces projets ont une composante « eau, hygiène et assainissement ».
Ainsi, dans le district de Soubré, les communautés de Gadago et des villages voisins sont sensibilisées et s’impliquent dans la gestion des infrastructures réalisées en 2025 – pompes à mobilité humaine, latrines dans les écoles et réhabilitation d’un centre de santé. Le chef de Gadago salue les changements opérés : « souvent les maladies de peau concernent les enfants, alors pour nous, cet accès à l’eau et à l’hygiène, c’est un grand pas vers le développement. »
Pour aller quérir de l’eau, les femmes peuvent parcourir des kilomètres. Elles s’y rendent par petits groupes pour éviter les mauvaises rencontres. ©Marie-CapucineGaitte
Une fois arrivées au marigot, il leur faut encore filtrer l’eau jaunâtre, comme elles peuvent, avant de puiser. L’eau sera bue et utilisée pour la cuisine. ©MC-Gaitte
Avant de prendre le chemin du retour, elles couvrent les seaux de branchages pour protéger l’eau. ©MC-Gaitte
Dans les puits à ciel ouvert, l’eau est souvent contaminée par les déjections des oiseaux ou des actes de sabotage. ©MC-Gaitte
Depuis que le forage a été creusé et la pompe installée au coeur du village, le travail des femmes a été allégé. ©MC-Gaitte