Sœur Nicole Oswald, responsable du Foyer des Saints Anges Gardiens, à Ngaoundéré, au centre du Cameroun, nous relate l’histoire d’Abdou. Ce jeune garçon, issu d’une ethnie nomade de Centrafrique, a échappé au massacre de sa famille alors qu’il avait 8 ans, et vécu dans la rue deux années durant, avant de trouver refuge au foyer de Ngaoundéré.
Avec une grande douceur, Sœur Nicole Oswald évoque l’histoire d’Abdou : « un enfant extraordinaire ».
Exil et errance dans les rues de Garoua Boulaï
Abdou est né en Centrafrique. Sa famille appartenait à l’ethnie nomade des Bororo. Éleveurs de bœufs, ils parcouraient le pays au gré des besoins du bétail.
Un vendredi, jour de grande prière chez les musulmans, la famille a fait halte dans un village. Abdou, alors âgé de 8 ans, s’est éloigné pour laver du linge à la rivière, lorsqu’il a aperçu au loin le village brûler. Courant pour rejoindre ses parents, il a été arrêté par des militaires rassemblant les enfants alentour, afin de leur éviter d’être massacrés à leur tour par les rebelles. Tous ont été conduits dans un centre de réfugiés situé à Garoua Boulaï, ville frontalière, à l’Est du Cameroun.
La République centrafricaine (RCA) connait, depuis 2013, à la suite du renversement du président François Bozizié, une multiplication des conflits et affrontements entre les groupes de la Selaka et les milices anti-balaka. Les populations civiles sont les grandes victimes de ces conflits, les bandes armées commettant exactions et massacres dans les villes et les villages. La famille d’Abdou semble avoir été du nombre de ces victimes.
Pour une raison inconnue, l’accès au camp de Garoua Boulaï a été refusé à Abdou. Sans famille ni connaissances, l’enfant a vécu durant deux années dans les rues de la ville, où l’insécurité est grande. Faisant preuve d’une grande débrouillardise, il a trouvé à se nourrir, tout au long de cette période, en proposant son aide aux femmes du marché.
Le Foyer des Saints Anges Gardiens, un refuge pour les enfants orphelins, battus ou abandonnés
Ces conditions de vie auraient pu perdurer si Abdou n’avait croisé le chemin d’un homme en déplacement à Garoua Boulaï. Celui-ci a été le premier à lui parler d’un orphelinat, le Foyer des Saints Anges Gardiens, situé dans le centre du Cameroun, à 300 kilomètres de là.
Le Foyer, proche de Ngaoundéré, accueille jusqu’à 38 enfants âgés de quelques semaines à 20 ans. Il est géré par deux femmes dévouées, religieuses de la congrégation des Oblates Mater Orphanorum, aidées d’assistantes, et soutenu par la Fondation Raoul Follereau depuis 2008. Originairement créé pour les enfants de parents décédés du VIH, le Foyer des Saints Anges Gardiens accueille aujourd’hui également des enfants abandonnés, des enfants battus, ou encore des enfants dont les familles sont très pauvres. Les religieuses collaborent avec les services sociaux et les services de la paroisse d’origine de chaque enfant afin de mieux le connaître, vérifier son histoire, son identité et garder le lien avec la famille d’origine. En septembre 2019, le Foyer a reçu du service des Affaires sociales de la ville de Ngaoundéré un diplôme d’excellence.
Muni d’un simple petit sac, Abdou décide de se mettre en route vers ce refuge salutaire. Il reçoit l’aide d’un chauffeur routier qui le conduit jusqu’à Ngaoundéré. Une fois en ville, ne sachant où se trouve le centre, l’enfant erre encore deux nuits dans les rues avant d’éveiller l’intérêt d’un couturier qui le conduit au service des Affaires sociales. Le service municipal confie alors, enfin, le garçon au Foyer des Saint Anges Gardiens.
Le parcours d’un élève appliqué et reconnaissant
Abdou est âgé d’environ 10 ans lorsqu’il se présente au Foyer des Saints Anges Gardiens en cette journée du mois d’août. Il ne parle pas un mot de français. En septembre, il entre à l’école du foyer et intègre une classe Sil consacrée à l’apprentissage de la lecture.
Très vite, il surprend par sa capacité à apprendre rapidement et à étudier avec application. Deux mois après ses débuts à l’école, il rejoint la classe préparatoire et en sort premier de sa classe. L’année suivante, en classe de CE1, il garde cette première place. Sautant la classe de CE2, il entre en classe de CM1 et dans la même année rejoint celle de CM2. Le certificat d’étude est passé et obtenu avec succès.
Dès son arrivée au Foyer, Abdou a constamment cherché à rendre service, à la cuisine, au ménage, auprès des animaux, et plus tard dans les travaux de maçonnerie et d’électricité. En 2017, il assiste à l’installation des panneaux solaires du Foyer – financée par la Fondation Raoul Follereau -, et se passionne pour l’électricité. En 2021, les religieuses l’envoient au lycée technique de Ngaoundéré suivre une formation spécialisée. Il loge dans une petite chambre durant la semaine et rejoint le Foyer durant le weekend. Là encore remarqué pour son sérieux, il fait partie des cinq premiers, dans une classe qui compte une soixantaine d’élèves.
Depuis lors rentré au Foyer, Abdou se donne partout où les religieuses peuvent avoir besoin d’aide.
« C’est une grande fierté pour nous, nous n’avons jamais vu un enfant pareil. Il pourrait faire tous les métiers »
Ainsi témoigne Sœur Nicole Oswald, le regard plein d’affection et d’admiration pour ce garçon qui fait désormais partie de la grande famille des enfants du Foyer des Saints Anges Gardiens.

Des enfants devant le Foyer des Saints Anges Gardiens. © Fondation Raoul Follereau
Les dons du Seigneur se déploient dans les talents d’Abdou !
Deo gratias
Je suis tombée par hasard sur cette belle histoire d’Abdou. Alors quelle merveille de voir « s’ouvrir » devant moi le Foyer des Saints Anges Gardiens que je connais ! d’entendre parler de Sr. Nicole que j’ai connue, et des Soeurs Mater Orphanorum, nos voisines à Bamyanga !
Je mets Abdou dans mon « sac à dos spirituel » dont le Seigneur s’occupe Lui-même, car j’en suis incapable : plus on vieillit, plus il est chargé !
Chères Soeurs Mater, chère Soeur Nicole, et toute la paroisse de Bamyanga, je vous envoie toute mon affection fidèle. Soeur Dorine, si tu es toujours à Bamyanga, je t’embrasse très fort. M. Béatrice
Chère Madame, nous vous remercions de votre message que nous transmettons avec plaisir à Sœur Nicole Oswald.
Bravo et merci d’abord à Abdou ,pour « être ce qu’il est en dépit de l’enfance très difficile qu’i a vécue » et puis merci à à notre Asso Raoul Follereau de nous adresser « un formidable signe d’Espérance » en cette période où, dans notre pays , c’est une majorité d’actions, de gestes négatifs ,de faits qui ont un effet décourageant qui nous sont proposés par tous les médias . . . Merci encore , je suis fière d’être membre de Raoul Follereau !
Chère Madame, nous vous remercions de vos mots et vous assurons de notre gratitude pour votre soutien, qui nous permet d’aider notamment les enfants du Foyer des Saints Anges Gardiens.
Merci Seigneur pour ce beau témoignage ! Je suis si heureuse de votre action au quotidien dans tous ces lieux !
Que Dieu vous bénisse abondamment ! Que Dieu bénisse Abdou et les soeurs et les enfants qu’elles accueillent et tous ceux qui les aident !
Que Dieu soit béni et remercié pour toutes ces belles oeuvres !
Je suis tombée par hasard sur cette belle histoire d’Abdou. Alors quelle merveille de voir « s’ouvrir » devant moi le Foyer des Saints Anges Gardiens que je connais ! d’entendre parler de Sr. Nicole que j’ai connue, et des Soeurs Mater Orphanorum, nos voisines à Bamyanga !
Je mets Abdou dans mon « sac à dos spirituel » dont le Seigneur s’occupe Lui-même, car j’en suis incapable : plus on vieillit, plus il est chargé !
Chères Soeurs Mater, chère Soeur Nicole, et toute la paroisse de Bamyanga, je vous envoie toute mon affection fidèle. Soeur Dorine, si tu es toujours à Bamyanga, je t’embrasse très fort. M. Béatrice