Parcourant tantôt les ruelles du quartier d’Habena, à N’Djamena, tantôt les rizières de la ferme qu’il développe à Koundoul, Abraham Gayan s’est mis au service des malades de la lèpre.
Entouré de quelques anciens malades de la lèpre avec lesquels il travaille, Abraham Gayan visite les champs et les rizières ravagés par les inondations en novembre dernier. « Nous avons perdu presque toutes les cultures lors de la saison des pluies, il a fallu tout replanter » explique le responsable de la ferme de Koundoul, située à proximité de la capitale tchadienne.
Abraham Gayan est originaire du Mayo-Kebbi Est, au sud du Tchad. Enfant, son père cultivateur lui a déclaré : « ton or, c’est cette terre, mais il te faut aussi aller à l’école ». Après les cours, le garçon aimait à mener les bœufs au pâturage ou à labourer les champs. Bachelier en 1998, Abraham a poursuivi ses études au Cameroun et obtenu un diplôme de technicien supérieur en élevage. Une fois marié, il s’est installé à N’Djamena où il a rencontré le Dr Fatchou Gakaïtangou, lors de la Journée mondiale des malades de la lèpre, en 2005. Ce dernier, président de l’Association de Solidarité Aux Lépreux du Tchad (ASALT), l’a alors engagé pour développer la ferme gérée par l’association, avec le soutien de la Fondation Raoul Follereau, sur un terrain mis à disposition par le ministère de la Santé, à Koundoul.
Une ferme créée pour aider les malades de la lèpre
« Cette ferme a été créée pour aider les anciens malades de la lèpre à se réinsérer, à sortir de la mendicité et à se prendre en charge » explique Abraham Gayan. Chaque année en mai, il rassemble les anciens malades de la lèpre vivant, à quelques kilomètres de la ferme, dans le quartier d’Habena, et leur propose de venir travailler avec lui pour la saison à venir – ils étaient 23 en 2024. Chacun se voit attribuer une parcelle de terrain et en tire des revenus pour sa famille. Abraham coordonne les travaux, s’assure de la sécurité du lieu, de l’irrigation des champs et des rizières.
Aujourd’hui il mesure l’évolution de la ferme depuis 2005, et la confiance qu’il a fallu obtenir de ces hommes qui vivaient l’exclusion en raison de leur maladie : « j’ai mangé avec eux, j’ai partagé la même natte qu’eux. C’est aussi une forme de sensibilisation. Et c’est ça qui fait ma fierté. »
L’agrotechnicien n’a de cesse de trouver de nouvelles solutions pour améliorer les rendements, sécuriser le site… ©Marie-CapucineGaitte
Mil rouge, concombre, oseille, sésame, chou rouge, autant ade variétés cultivées sur les parties exondées du domaine. ©Marie-CapucineGaitte
Chaque malade se voit confier une ou plusieurs parcelles de terrain à cultiver. ©Marie-CapucineGaitte