Face à la lèpre et à l’ulcère de Buruli, les enfants représentent une population vulnérable tant sur le plan physique que psychologique et social.
« Au sein des foyers, il y a des stigmatisations des enfants malades ou d’enfants dont un des parents est malade de la lèpre. » Blandine est assistante sociale au centre de dépistage et de traitement de la lèpre et de l’ulcère de Buruli (CDTLUB) de Pobé, au Bénin. Depuis plusieurs années, elle s’occupe de la réinsertion familiale et socio-professionnelle des personnes atteintes de ces deux maladies tropicales négligées (MTN). Une tâche ardue lorsque l’on sait que les MTN touchent les personnes issues d’un milieu très défavorisé et vivant dans des conditions sanitaires précaires.
Redonner le goût à la vie
Blandine constate que les enfants touchés de près ou de loin par la maladie ont tendance à se renfermer sur eux-mêmes. « Il faut savoir que, malgré leur jeune âge, certains deviennent les gardes malades de leurs parents atteints de lèpre. » A l’image d’A., une fillette de 8 ans suivie par Blandine dont la mère est handicapée par la lèpre. « Elle ne voit pas autre chose que la maladie et n’est pas scolarisée. Ces enfants doivent en plus faire vivre la famille et gagner de l’argent. » Tout comme I., 13 ans, fils d’un malade de la lèpre. Le jeune garçon a été envoyé au Nigeria où il fut exploité par un de ses oncles. De retour au Bénin, il n’a jamais pu être scolarisé par manque d’argent. Parfois, les enfants sont eux-mêmes touchés par les MTN et particulièrement l’ulcère de Buruli. Une maladie qui handicape lourdement si elle n’est pas soignée à temps.
Comme M., dont la mère est une ancienne enfant esclave qui n’a jamais réussi à se reconstruire psychologiquement. L’adolescent a contracté l’ulcère de Buruli à l’âge de 5 ans provoquant une rétractation de sa jambe gauche. Sans ressource, il peine à financer sa formation de couture. « Ces enfants se comparent aux autres et se sentent inférieurs. Il faut qu’ils puissent se reconstruire psychologiquement », souligne Blandine. Le centre social de Pobè, avec l’appui de la fondation Raoul Follereau, attribue des bourses scolaires à ces enfants et adolescents ainsi que des aides à la formation professionnelle. En 2020, 9 jeunes ont pu bénéficier d’un soutien financier.