Huit mois après le terrible séisme qui a frappé le nord-ouest de la Syrie, la vie semble avoir repris. Mais au sud du pays gronde désormais la menace d’une escalade du conflit voisin. Marqué par la mobilisation communautaire au cours de l’hiver dernier, le père Gandhi témoigne de l’accueil des familles réfugiées du séisme dans la région de Mashta al-Helou.

 

En février dernier, le séisme qui a frappé le nord de la Syrie et la Turquie, dans la nuit du 5 au 6, a causé la mort de plus de 50 000 personnes dont 6 000 en Syrie. Dans le gouvernorat de Tartous, la ville de Mashta al-Helou a constitué un refuge pour plus de 450 familles ayant fui Alep et Lattaquié dévastées par le tremblement de terre. Parmi les communautés qui se sont volontairement mobilisées, la paroisse du père Gandhi a accueilli 200 familles au cours des trois mois qui ont suivi le séisme. Celui-ci revient sur cette période marquante pour sa communauté :

À la nouvelle du tremblement de terre, anticipant un déplacement massif des familles du nord vers le sud, la paroisse a publié une annonce sur les réseaux sociaux. Des dizaines de personnes ont appelé pour proposer leur aide et des lieux d’accueil. Un comité de 20 personnes a alors été formé, rassemblant des jeunes et des familles de la paroisse, afin d’organiser l’accueil des déplacés.

À leur arrivée, les réfugiés, de toutes confessions, ont ainsi pu se signaler auprès du bureau paroissial. Les hôtels vides de touristes et les maisons secondaires ont été mis à disposition par les propriétaires. Une fois relogées, les familles recevaient la visite d’une équipe s’enquérant de leurs besoins les plus urgents, et le lendemain des provisions et des produits nécessaires leur étaient distribués : vêtements, couvertures, nourriture, produits d’entretien et d’hygiène, médicaments, lait pour enfant, éclairage, chauffage.

Une aide d’urgence apportée aux familles 

Durant les trois mois qu’a duré l’accueil à Mashta al-Helou, l’aide est venue de la population locale, de paroissiens expatriés et d’une coordination entre les diverses paroisses de la région. La Fondation Raoul Follereau a pu, quant à elle, apporter très rapidement son soutien pour distribuer de la nourriture et des produits d’entretien et d’hygiène.

Grâce à cette aide, Ahmed et son épouse, sa mère âgée, ses enfants et neveux et nièces ont pu être relogés dans une grande maison et recevoir ce dont ils avaient besoin pour vivre. Lorsque la vieille dame, fatiguée et malade, est décédée, Ahmed n’a pu accomplir les rites dans sa religion ni l’enterrer dans le cimetière d’Alep. La paroisse a alors proposer de la transporter en voiture jusqu’à un cimetière de la région, et Ahmed et le père Gandhi ont prié ensemble pour son repos.

Une autre famille accueillie, d’origine arménienne, comptait quatre personnes âgées, des femmes et des enfants. Ceux-ci ont pu recevoir un toit et des vivres durant un mois. À leur départ, ils ont insisté pour remettre toute la nourriture qui leur restait aux autres réfugiés. 

Les mois passant, les familles sont rentrées progressivement chez elles afin de retrouver un travail et réparer les maisons atteintes par le tremblement de terre. Le père Gandhi continue de recevoir de leurs nouvelles et des remerciements. Lui-même a été profondément marqué :

« J’ai découvert que notre peuple en Syrie, malgré la guerre et la pauvreté, a montré qu’il était riche d’amour, de participation et de don de soi.»