Le 31 janvier 2019 est une date que je n’oublierai probablement jamais. Ce fut la date de l’inauguration d’un centre de santé au plein milieu d’un quartier pauvre de Nasiriya à Asyut, en Egypte. L’inauguration a eu lieu sous le regard bienveillant de Monseigneur Kyrillos, évêque Copte Catholique d’Asyut.

Les deux religieuses à l’origine du projet.

Il aura fallu plus de 6 mois à sœur Nadia et sœur Nahla, Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition, pour transformer un taudis de presque 4 pièces en un lieu sain et propre ! Le défi était énorme, car l’emplacement même du centre est un défi en soi. Difficile d’accès, une ruelle sale où se côtoient grands et petits avec le bétail, source d’énormes problèmes de santé. Les enfants insoucieux sont dans la rue, pieds nus, vivant dans des situations sanitaires qui font honte de nos jours.

Personnellement, je me suis senti totalement en dehors du temps. En comparant ces enfants à tant d’autres dans le monde, je me suis sans arrêt posé cette question : « Où suis-je ? Est-ce possible encore de nos jours ? »

Le centre a ouvert ses portes, et les patients sont arrivés immédiatement ! Pourquoi ? En voilà la raison : une consultation chez un médecin dans sa clinique coûte entre 80 et 100 livres égyptiennes [nldr : environ 5 €]. Dans le centre, la consultation ne coûte que 20 livres [nldr : environ 1 €]. En plus d’une salle pour les pansements, ce petit dispensaire est en mesure de réaliser des consultations gynécologiques, pédiatriques, gastroentérologiques, ophtalmiques et de médecine interne.

Un soignant du centre réalise la première échographie.

Des médecins font partie de l’équipe du dispensaire, avec quelques emplois créés pour trois mamans et un jeune. De plus, ce petit dispensaire rayonne déjà dans les villages voisins. Le dispensaire est tenu par les religieuses et une grande confiance règne entre les chrétiens et les musulmans. Une vraie oasis de santé dans ce quartier pauvre. L’évêque, dans son allocution d’ouverture, a émis un souhait : « Que les voisins de ce centre puissent être jaloux de la propreté et de l’ordre, et qu’ils essaient d’imiter les sœurs. »

Un souhait si évident mais si difficile à atteindre pour ces familles vivant dans le dénuement total.

Le tableau d’affichage du centre.

Roger Khaïrallah

Responsable projets Moyen-Orient , Fondation Raoul Follereau