En Guinée, les centres de soin de Kankan et de Kindia, soutenus par la Fondation Raoul Follereau, sont des centres de référence de la lutte contre la lèpre. En mars 2023, accompagnés du docteur Fatoumata Sakho, les médecins conseillers de la Fondation sont allés les visiter, juste avant d’effectuer une mission d’évaluation en Guinée forestière.

 

Du 12 au 19 mars 2023, le docteur Fatoumata Sakho, chef de bureau de la Fondation Raoul Follereau en Guinée, a accueilli les docteurs Christian Johnson et Michel-Yves Grauwin pour une visite des projets soutenus par la Fondation, dans les régions de Haute-Guinée et de Basse-Guinée. 

En Guinée, l’action de la Fondation Raoul Follereau a débuté dès 1985 avec une aide financière apportée à la formation du personnel soignant dans le traitement de la lèpre. Des médecins sont partis au Mali suivre l’enseignement dispensé à l’Institut Marchoux de Bamako. Quant aux infirmiers et laborantins, leur formation a été financée et assurée en Guinée. En 1987, le Programme national de lutte contre la lèpre (PNLL) est instauré dans le pays. La coordination du PNLL réalise les activités de lutte contre la lèpre, avec l’aide de partenaires à qui elle confie des zones d’intervention précises. La Fondation Raoul Follereau devient alors responsable des 16 districts sanitaires situés en Haute-Guinée et en Basse-Guinée, et de la capitale Conakry.

Dans un premier temps, afin de permettre aux soignants de se rendre auprès des populations les plus éloignées, la Fondation fournit les moyens de transport – voitures pour les médecins, motos pour les infirmiers superviseurs et les contrôleurs de la lèpre – et le carburant. Puis la Fondation construit des centres de santé dans les zones d’intervention confiées. Elle y soutient également le PNLL dans la prise en charge du dépistage, le traitement des malades et les activités de formation des agents socio-sanitaires.

En 2010, après vingt-cinq années de lutte, un net recul de la maladie est constaté dans les deux régions. La Fondation peut dès lors développer une aide complémentaire pour les malades et anciens malades subissant l’épreuve des complications liées à la lèpre.

Dans les centres de Kankan et de Kindia, les anciens malades peuvent être pris en charge pour leurs invalidités

A partir de 2010, la Fondation finance les aménagement et équipements nécessaires à la prise en charge de la prévention des invalidités et de la réadaptation physique (PIRP), dans les centres de Kankan, en Haute Guinée, et de Kindia, en Basse Guinée.

A Kankan, le pavillon PIRP construit par la Fondation en 2011-2012, et rénové en 2017-2018.

Les deux sites, gérés par le personnel du ministère de la Santé, sont devenus des centres de référence dans le pays, en termes de chirurgie palliative, de rééducation et de fabrication de chaussures adaptées. Les anciens malades bénéficient d’un accompagnement pour se réinsérer dans la société et reçoivent une aide pécuniaire pour retrouver une autonomie. Lors de leur visite, en mars 2023, les médecins conseillers de la Fondation se sont réjouis de la bonne gestion de ces établissements.

En Haute et en Basse-Guinée,  la Fondation soutient également le PNLMTN (*) dans ses missions de formation et de supervision des agents de santé, et de dépistage actif des malades dans les poches de territoire encore endémiques. 

En Guinée forestière, un personnel soignant engagé

Depuis 2020, après le départ du dernier partenaire du PNLMTN, la Guinée forestière ne bénéficie plus de soutien dans la lutte contre la lèpre. La coordination du Programme fait alors appel à la Fondation Raoul Follereau qui envoie une première mission de reconnaissance à la fin de l’année 2021. En mars 2023, en présence d’une délégation du PNLMTN, les docteurs Sakho, Johnson et Grauwin, se sont rendus dans cette région limitrophe du Libéria et de la Côte d’Ivoire, à 800 km de Conakry, pour évaluer les besoins.

Les médecins ont été marqués par l’engagement du personnel soignant, dans les centres de Macenta et de Nzérékoré. Malgré le manque de moyens depuis 2020, les agents de santé et les médecins responsables sont restés auprès des malades. L’hôpital de Macenta est géré par une équipe de 70 agents dirigés par un médecin de santé publique ayant des compétences en dermatologie. Un atelier d’orthèses et de prothèses y est installé, reconnu dans le pays. Mais l’hôpital manque de moyens financiers et humains pour le traitement de la lèpre et de ses complications. Une hospitalisation de 3 mois pour des complications liées à la lèpre coûte au patient environ 350€ soit 3,5 millions de francs guinéen, auxquels s’ajoutent encore les frais alimentaires. Quant au centre privé visité proche de la ville de Nzérékoré, il ne bénéficie plus d’aucun soutien financier, et ne peut offrir tous les soins et opérations dont les patients auraient besoin. 

L’hôpital de Macenta compte 128 lits, un laboratoire, un service d’urgences, un service de kinésithérapie et 2 blocs opératoires.

Lors de leur visite, les médecins missionnés en Guinée forestière ont ainsi pu identifier les besoins. La Fondation Raoul Follereau va apporter un soutien à l’hôpital de Macenta, et à la coordination du programme de lutte contre la lèpre et les maladies tropicales négligées dans la région, notamment pour les missions de formation et de supervision des agents de santé. 

Le Docteur Sakho, ancienne coordinatrice du PNLMTN et chef de bureau de la Fondation, le rappelle, les soignants doivent être formés, mais avant tout sensibilisés :

« Dans la lèpre, il faut toucher les malades, être avec les malades. Il faut les avoir dans le cœur. » 

 

(*) En 2019, le Programme national de lutte contre la lèpre (PNLL) a été intégré au Programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées (PNLMTN).