En Haute-Égypte, au mois de juin, 25 tricycles et 4 touktouks ont été remis à des familles démunies de la province de Sohag. Ces triporteurs ont été financés grâce à l’opération « Oranges de Noël » menée par les bénévoles de la Fondation Raoul Follereau à la fin de l’année 2022. 

 

Dans le sud de la Haute-Égypte, en l’absence d’activités touristiques et du développement de grandes entreprises, la province de Sohag est la deuxième province la plus pauvre du pays.

La Fondation Raoul Follereau soutient des projets menés par le Bureau de développement des services sociaux du Diocèse copte catholique (l’Éparchie) de Sohag, une institution religieuse non-gouvernementale à but non-lucratif. Le Bureau, créé en 2006, œuvre auprès des populations de vingt-cinq villages de la province de Sohag.

Subissant toujours des discriminations, les familles coptes de ces villages font preuve d’une grande solidarité entre elles. Elles se rassemblent souvent en « ezba » : regroupement de frères et sœurs dans une même maison ou dans des maisons mitoyennes. Et lorsqu’ils peuvent posséder un lot de terrain, les membres d’une famille le cultivent ensemble et en partagent les récoltes.

Mais l’accès à l’emploi demeure difficile pour la minorité copte – environ 10% de la population d’Égypte – et les revenus manquent chez les familles les plus démunies. Beaucoup tentent de vivre de la vente et transportent leurs marchandises, sur les épaules ou à dos d’âne, pour des distances pouvant aller jusqu’à des dizaines de kilomètres.

Afin de donner aux plus vulnérables la possibilité d’exercer un travail de manière décente, l’Éparchie de Sohag a initié un projet en 2022 : munir les familles pauvres du diocèse de tricycles pour le transport des marchandises, ou de touktouks pour le transport des personnes. À la fin de l’année 2022, l’opération « Oranges de Noël » menée en France par les bénévoles de la Fondation Raoul Follereau a permis de rassembler les fonds nécessaires à l’achat de ces triporteurs.

 

Les candidatures de 29 familles ont été retenues par le Bureau des services sociaux

Les dossiers de vingt-neuf familles, résidant dans le diocèse de Sohag, ont été sélectionnés par le Bureau des services sociaux. Ces familles, jusqu’alors dépourvues de véhicules, ont présenté un projet d’activité génératrice de revenus qu’elles pourront développer grâce aux triporteurs : la vente de légumes, d’électroménager, de linge, le transport de personnes, etc.

Par ailleurs, les responsables de chaque famille se sont engagés à suivre les formations dispensées par le Bureau des services sociaux et à ne pas vendre le véhicule, qu’ils rendront en cas de non-utilisation.

 

Deux remises de triporteurs ont eu lieu au mois de juin

Une première remise de véhicules a eu lieu le 5 juin, en présence de Monseigneur Toma Habib, évêque de l’Éparchie copte catholique de Sohag. Ce jour-là dix familles ont reçu, chacune, un tricycle.

Ainsi qu’en a témoigné un membre du Bureau des services sociaux du diocèse, très enthousiaste :

« [La remise de ces véhicules] marque le début de l’autonomisation de ces familles et leur permet d’améliorer leurs moyens de subsistance. »

Le 26 juin, Roger Khaïrallah, représentant de la Fondation Raoul Follereau au Moyen-Orient, s’est rendu à Sohag pour la deuxième remise de triporteurs. Quinze tricycles et quatre touktouks ont été remis aux familles.

 

Les tricycles et touktouks qu’ont reçu les familles du diocèse de Sohag. ©Roger Khaïrallah

 

Parmi les bénéficiaires, Khalaf Najib est un homme âgé d’une soixantaine d’années, père de quatre enfants, trois filles et un garçon. Ne parvenant plus à subvenir seul aux besoins de sa famille, il est désormais aidé par son fils de 17 ans. Grâce au tricycle reçu, celui-ci va pouvoir  livrer les produits agricoles de sa famille dans des villages plus éloignés.

Khalaf Najib et son fils développent une petite activité de produits agricoles. ©Roger Khaïrallah

 

Radi Mikhail, père de deux enfants, un garçon de 7 ans et une fille de 4 ans, est quant à lui fils unique. Il ne peut donc compter sur le soutien d’une famille. Jusqu’alors, Radi vendait des habits et des trousseaux de mariées, portant les marchandises sur ses épaules. Le tricycle reçu va lui permettre une plus grande mobilité et une possibilité de toucher une plus large clientèle.

 

Les familles s’engagent à rembourser la moitié du véhicule reçu

Une fois les premiers revenus perçus, les familles s’engagent à rembourser la moitié du prix du tricycle ou touktouk qu’elles ont reçu. Ce remboursement permet d’une part de responsabiliser les bénéficiaires, d’autre part de financer l’achat de nouveaux triporteurs pour d’autres familles dans le besoin.

Le système a déjà fait ses preuves dans une ville voisine : à Asyut, située à une centaine de kilomètres au nord de Sohag, 35 triporteurs avaient été remis à des familles en 2017. Depuis, les remboursements effectués par les premières familles bénéficiaires ont permis d’acquérir et de remettre 50 autres véhicules. Autant de familles auxquelles sont offertes une plus grande autonomie et la possibilité de générer davantage de revenus.

À Sohag, une troisième distribution devrait avoir lieu au cours du mois d’août, après études des nouveaux dossiers de candidature.