Les professeurs Jarlier et Cambau et leurs équipes du Centre National de Référence des Mycobactéries et de la Résistance des Mycobactéries aux Antituberculeux (hôpitaux Pitié-Salpêtrière et Lariboisière, Paris) luttent à leur manière contre la lèpre. Ils donnent des informations précieuses sur la résistance au traitement anti-lépreux.

Nous effectuons un travail de l’ombre. Si nous ne sommes pas sur le terrain, nous sommes en lien direct avec lui. En effet, les médecins nous envoient des prélèvements provenant de malades (biopsies de peau) et nous y étudions la résistance de Mycobacterium Leprae, le bacille responsable de la lèpre, au traitement antibiotique actuel. Si le bacille développe des résistances, nous devrons trouver d’autres traitements, plus lourds et plus chers.

Chaque année, nous traitons cent à deux cents biopsies dans nos laboratoires. Ces biopsies proviennent de huit pays d’Afrique et d’Asie et s’inscrivent dans le cadre de la surveillance mondiale de la résistance aux anti-lépreux, coordonnée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis bientôt 10 ans.

Lorsque nous recevons les biopsies, il nous faut tout d’abord confirmer le diagnostic (lèpre ou non, type de lèpre) puis chercher dans le bacille des mutations génétiques responsables de la résistance aux antibiotiques anti-lépreux. Pour établir les statistiques  de résistance, nous distinguons les « nouveaux cas » (jamais soignés) qui ne devraient pas présenter de résistance (résistance primaire) et les patients dont le traitement a échoué et chez lesquels la résistance (appelée alors secondaire) est le résultat d’un traitement mal conçu ou mal suivi. Suivre l’évolution de la résistance aux antibiotiques est aussi important dans la lèpre que dans d’autres infections bactériennes comme la tuberculose car cela permet de juger de la qualité des programmes thérapeutiques.

L’apport de la Fondation Raoul Follereau et d’autres structures caritatives est fondamental pour ces recherches qui intéressent peu le monde académique et les financements publics.