À l’est du Tchad, l’afflux de réfugiés du Soudan, depuis avril dernier, soulève de grands enjeux sanitaires parmi lesquels la lutte contre la lèpre.

 

Le 15 avril 2023, à Khartoum, éclatait un conflit entre deux groupes armés du Soudan jusqu’alors alliés – les Forces armées soudanaises (SAF),  et des paramilitaires, les Forces de soutien rapide (RSF). Parallèlement aux combats meurtriers qui se poursuivent entre les deux factions, la population civile subit depuis lors pillages, destructions et de multiples violences.

À ce jour, plus de 7 millions de personnes ont fui les exactions, près de 600 000 ayant trouvé au Tchad. Or, depuis 2020, les personnes arrivant du Soudan représentent plus de 85% des malades dépistés dans les provinces de l’est du Tchad. En fin de septembre dernier, une mission de dépistage a donc été menée dans la ville frontalière d’Adré, suivie d’une deuxième en décembre dans la province du Sila.  

 

Former pour agir auprès du plus grand nombre

 

Des milliers d’abris de toiles blanches défilent sous le regard de l’équipe venue de N’Djamena. Dans le véhicule, ces quatre acteurs de la lutte contre la lèpre au Tchad sont saisis face à la situation de grande détresse des réfugiés : le coordonnateur du Programme national de lutte contre la lèpre (PNLL), l’infirmier de la Délégation sanitaire provinciale du Ouaddaï, l’infirmière Geeske Zipj de la Mission évangélique contre la lèpre (MECL) et le docteur Defiah Paka de la Fondation Raoul Follereau. Leur priorité, en cette fin de septembre, est de transmettre aux trente infirmiers présents dans les camps de réfugiés d’Adré les méthodes pour dépister la lèpre. L’équipe sensibilise également les personnes-relais afin qu’elles annoncent les dépistages à venir dans leurs communautés. Le premier dépistage effectué révèle une propagation de la gale dans les camps et les premiers cas de lèpre.

Au cours du mois de décembre, une deuxième mission est menée par le PNLL appuyé par la Fondation Raoul Follereau et la MECL, plus au sud, dans la province de Sila où se dirigent également les réfugiés. Là encore, les soignants sont marqués par le désarroi et l’état de grande souffrance des familles réfugiées, dans les camps de la province –  Djabal, Zabout, et Goz Amir – et les centres de santé. Au vu du nombre croissant de réfugiés dans les camps (plus de 60 000 nouveaux arrivés dans le seul camp de Zabout), l’équipe a formé une soixantaine de relais communautaires et de crieurs publics afin que ceux -ci puissent sensibiliser la population sur la lèpre et annoncer les consultations en dermatologie. Elle a ensuite procédé aux dépistages et formé les infirmiers présents dans les centres de santé et les camps. 

Alors que des centaines de réfugiés franchissent chaque jour encore la frontière, les infirmiers d’Adré et du Sila sont désormais formés et munis de traitements contre la lèpre.