Douze ans après l’éclatement du conflit en Syrie, plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Parmi les plus fragiles, les enfants sont profondément atteints par la crise humanitaire et économique qui ne fait que s’accroitre. Une jeune femme généreuse et pleine de ressources, Petra Khoury, les aide à reprendre confiance et à découvrir leurs talents.
Au centre Shams, dans la ville de Mashta el-Helou, la joie est palpable. Les enfants courent, rient, dansent. Petra Khoury est rayonnante ! Depuis juin dernier, celle-ci et son équipe accueillent les enfants et jeunes de la région syrienne de Tartous, dans un centre dédié aux talents.
Initialement formée en ingénierie mécanique, Petra n’a exercé que quelques mois comme ingénieure avant de se consacrer à ce qui lui tenait à cœur : travailler auprès des enfants. Munie d’un nouveau diplôme, elle a commencé par rejoindre un projet de soutien psychologique aux enfants des villages isolés de la région. Elle y a été marquée par l’état d’anxiété profonde de ces enfants, qui variait selon l’âge, la situation financière des parents et l’atmosphère familiale.
Elle qui aspirait, enfant, à apprendre le dessin et la danse classique, imagine alors de donner une chance aux enfants de sa région de réaliser leurs propres rêves, malgré le conflit, les privations, la peur. C’est ainsi que nait dans son esprit le projet Shams :
« Je vois en chaque enfant un talent qui a simplement besoin d’une lumière pour le révéler. J’ai voulu que le centre Shams – « soleil » en arabe – soit cette lumière. »
Autour d’elle, des amis et des professionnels souhaitant s’engager, se rassemblent. Le centre Shams ouvre en juin dernier dans la paroisse de Mashta el-Helou. Dès le premier mois, des dizaines d’enfants arrivent du quartier et des villages voisins. Des cours de gymnastique, de danse, de karaté, de piano et de dessin leur sont proposés ; le matériel utilisé est financé par la Fondation Raoul Follereau. Filles et garçons, tous entrent dans le jeu. Et les sourires réapparaissent sur les visages.
« Je vois la joie dans les yeux des enfants et leur impatience de venir au centre. Cela me rend très heureuse et me donne l’espoir qu’ils chercheront toujours à dépasser les circonstances pour réaliser leurs rêves.
Je peux ressentir à quel point ils aiment l’atmosphère de Shams. Ici, ils peuvent danser et se libérer de tout ce qu’ils ont porté de douloureux et pesant au cours de la semaine.
Alors que la guerre sévit aux frontières, la situation économique s’aggrave en Syrie. En ce début d’hiver, les parents cherchent avant tout à nourrir leurs familles. Pour que ces activités ne représentent pas un poids pour les familles, un bus est mis à disposition par la paroisse de Mashta el-Helou, avec un soutien de la Fondation, pour aller chercher les enfants vivant dans les villages les plus éloignés.
« Nous sommes plus grands que tous nos souvenirs, plus grands que nos passés douloureux ou que les peurs qui nous tenaillent.
Je souhaite pour chaque enfant, non seulement en Syrie mais dans le monde entier, de voir cette lumière en lui et d’essayer de la faire émerger autour de lui. »