De taille moyenne, le visage rond et doux, coiffée d’un foulard aux couleurs chatoyantes noué à l’africaine, Djenerba est une ancienne malade de la lèpre.

« Mes parents étaient tous les deux malades de la lèpre. Ma mère n’avait plus de doigts et mon père avait des plaies au pied droit », se souvient Djenerba, « nous habitions dans le village des lépreux qui est à présent un quartier de Bamako : Djikoroni. »

 

« J’ai beaucoup souffert »

 

Djenerba a grandi en côtoyant la maladie jusqu’à la contracter à l’âge de 24 ans. « J’étais bouleversée quand j’ai appris que j’avais la lèpre… » Mariée et mère d’un petit garçon, elle se retrouve seule, livrée à elle-même du jour au lendemain : « mon mari m’a complètement rejetée et ce n’est pas le seul… J’ai beaucoup souffert de cette mise à l’écart qui est très difficile à subir. » Djenerba connaissait les séquelles de la lèpre, « j’avais très peur de perdre mes doigts. » Alors, comme pour beaucoup de Maliens, elle se rend en brousse pour rencontrer un marabout qui ne parvient pas à la soigner. « Ma grande sœur est la seule personne de mon entourage qui m’a aimée et soutenue malgré ma maladie. »

 

Ne jamais baisser les bras

 

Face à un avenir plus qu’incertain pour son fils et elle-même, Djenerba n’a jamais baissé les bras : « je ne sais ni lire ni écrire mais j’ai réussi à trouver du travail chez des religieuses de Bamako. Je m’occupais du jardin d’enfants. » Les sœurs ont été une deuxième famille pour Djenerba. « Elles m’ont soignée et elles m’ont appris le français. » Aujourd’hui, la femme de 56 ans dirige un petit potager de réinsertion des anciens malades de la lèpre créé par la Fondation Raoul Follereau à Bamako.

Après des années d’indigence et de lutte, Djenerba a réussi à sortir sa famille de la misère. « Je vis simplement, avec ma petite famille. Je peux manger à ma faim, nourrir ma famille et aider mon fils à payer l’école de mes petits-enfants. Ce n’est pas grand-chose mais je suis fière d’avoir réussi à m’en sortir. »