Sur les bancs de la petite école du Centre de traitement et de dépistage de la lèpre et de l’ulcère de Buruli de Pobè, Moïse Adéwalé a appris à lire et à écrire. Arrivé à 6 ans au centre pour être traité contre l’ulcère de Buruli, son hospitalisation lui a ouvert le chemin de l’école. Aujourd’hui le jeune homme tient un atelier de couture à proximité du centre.

 

Moïse Adéwalé nait en décembre 2002, à Igana, dans le département du Plateau, au sud du Bénin. Durant sa petite enfance, il grandit entouré par ses parents et ses deux frères. Mais, alors qu’il est à peine âgé de 6 ans, une plaie apparait sur sa jambe. Les parents, après avoir consulté des tradipraticiens, le conduisent au Centre de traitement et de dépistage de la lèpre et de l’ulcère de Buruli (CDTLUB), géré par la Fondation Raoul Follereau, à Pobè. Les soignants diagnostiquent l’ulcère de Buruli et recommandent l’hospitalisation de l’enfant.

Cette première hospitalisation va durer deux ans. Elle marque un tournant dans la vie de l’enfant et de la famille : pour ne pas avoir à assumer les frais d’hospitalisation, à l’époque d’un montant de 20 000 francs CFA, le père les abandonne et part s’installer au Nigeria. La Fondation Raoul Follereau offre alors de soutenir la mère, démunie, et l’enfant. C’est au cours de cette période de traitement que Moïse fait ses premiers pas à l’école. Dans l’enceinte du CDTLUB, une petite école a été ouverte en 2008, l’institutrice assure les cours des classes primaires auprès d’une quinzaine d’enfants. Dans la classe voisine, un répétiteur fait travailler les plus grands. Tout au long de l’année, environ soixante-dix enfants se succèdent, certains pour quelques semaines, d’autres pour de plus longues durées, comme cela a été le cas de Moïse. Les cours sont obligatoires afin de pallier le décrochage scolaire et de permettre à tous de bénéficier d’une instruction.

La plaie cicatrisée, Moïse et sa mère rentrent au village. Trois ans plus tard, un nouvel évènement douloureux survient. La plaie s’est rouverte et la mère décide de faire appel au père de l’enfant. Elle fait le voyage jusqu’au Nigeria et lui confie Moïse. L’enfant ne demeure toutefois pas chez son père qui a tôt fait de le remettre à un guérisseur. Les soins qui lui sont appliqués, sans anesthésie, terrifient le garçon. Alertée par l’entourage, la mère retourne chercher Moïse et tous deux se rendent au CDTLUB de Pobè.

L’équipe de soins retrouve un enfant traumatisé dont la plaie s’est infectée. Une nouvelle hospitalisation est décidée avec une prise en charge des frais par la Fondation. Et chaque jour, après la réfection des pansements, Moïse reprend le chemin de l’école. II apprend à lire et à écrire et, s’il ne peut s’exprimer couramment en français, il le comprend désormais. À l’issue de son traitement, Moïse exprime le souhait de se former à la couture, inspiré par l’exemple d’un couturier de son village. Sa mère n’ayant pas les moyens de financer la formation se tourne vers l’assistante sociale du CDTLUB, Blandine, et sollicite un appui. Ensemble elles trouvent une solution : les oncles du jeune homme prennent en charge une partie des frais d’inscription et de formation, et la Fondation Raoul Follereau complète la part restante au moyen d’une bourse scolaire.

En octobre 2022, Moïse obtient son diplôme de l’Association des brodeurs nouvelle génération de Pobè. Avec le soutien de la Fondation, il achète une machine à coudre et ouvre un atelier à proximité du CDTLUB. Moïse y reçoit depuis lors ses premiers clients, tout en continuant de recevoir des soins au centre pour les complications liées à la plaie.

 

Moïse obtient son diplôme en octobre 2022, au terme de 5 années d’apprentissage.