« Pour aller d’une léproserie à l’autre, il faut faire du chemin, et je ne ferme pas les yeux sur la route”disait Raoul Follereau. Fidèle à cet héritage, la Fondation combat la lèpre depuis plus de 70 ans. Or la lèpre n’est pas seule : elle est l’une des Maladies Tropicales Négligées à Manifestation Cutanée (MTNC) reconnues par l’Organisation mondiale de la Santé. Les MTNC présentent des points communs : elles altèrent la peau, peuvent engendrer des handicaps et être cause de stigmatisation.
Favorisées par la pauvreté et l’insalubrité, ces maladies frappent les populations les plus vulnérables et isolées. Elles sont aggravées par les retards de diagnostics et le manque d’accès à des soins adaptés. Parce qu’elles sont “cousines” de la lèpre, la Fondation a décidé de les traiter là où elle agit déjà contre cette maladie. Elle met ainsi son expertise et son énergie au service de toutes les personnes atteintes, en s’attaquant aussi aux causes et aux conséquences de ces maladies.
Les principales MTNC
La lèpre
Maladie infectieuse chronique due au bacille Mycobacterium leprae, la lèpre marque la peau puis attaque les nerfs. En l’absence de
traitement, elle entraîne des insensibilités, des paralysies, des ulcérations et des incapacités irréversibles. Parce qu’elle déforme les corps et les visages, elle est signe de malédiction dans de nombreuses croyances, ce qui fait d’elle l’une des maladies les plus stigmatisantes de l’Histoire, isolant encore aujourd’hui des milliers de malades. Pourtant, prise à temps, la polychimiothérapie, recommandée par l’OMS, permet une guérison complète et sans séquelles.
Le pian
Causé par la bactérie Treponema pallidum pertenue, très proche de l’agent responsable de la syphilis, le pian est une infection cutanée chronique et très contagieuse, transmise par simple contactcutané. Il touche surtout les enfants des zones rurales pauvres dans les régions chaudes et tropicales. Le pian provoque des lésions cutanées douloureuses, puis des atteintes osseuses entraînant des handicaps définitifs. Or l’administration d’une seule dose d’azithromycine permet de guérir le malade. La persistance de cette
maladie reflète donc des inégalités flagrantes d’accès aux soins.
L’ulcère de Buruli
Provoqué par Mycobacterium ulcerans, une bactérie de la même famille que celle responsable de la lèpre, l’ulcère de Buruli détruit la peau et parfois les os. Les lésions cutanées sont initialement indolores, ce qui retarde souvent le diagnostic. Non traité à temps, il entraine de graves ulcérations qui peuvent atteindre l’os, nécessiter des amputations et provoquer des handicaps. L’Afrique de l’Ouest concentre la majorité des cas connus, faisant de cette maladie un indicateur de grande pauvreté et de rupture d’accès aux soins.
L’onchocercose (ou “cécité des rivières”)
Infection parasitaire due au ver Onchocerca volvulus, transmise par les piqûres répétées de mouches noires, l’onchocercose est responsable de démangeaisons chroniques, de lésions cutanées défigurantes et de cécité irréversible. C’est la deuxième cause infectieuse de cécité dans le monde. En privant des communautés entières de la vue, elle aggrave la pauvreté et la dépendance à une aide extérieure.
La filariose lymphatique
Transmise par des moustiques, cette parasitose chronique endommage le système lymphatique du malade et provoque des gonflements massifs des membres (éléphantiasis) ou des tissus. Ces déformations entraînent des douleurs intenses, des invalidités et une grande stigmatisation sociale. L’OMS considère la filariose lymphatique comme une cause majeure de handicap. Toutefois des millions de personnes vivent encore avec ces conséquences irréversibles.
La leishmaniose cutanée
Due à un parasite du genre Leishmania, transmis par la piqûre de phlébotomes, des moucherons piqueurs, cette affection provoque des plaies chroniques qui cicatrisent lentement et laissent souvent des marques indélébiles. Les lésions, très visibles sur le visage et les membres, entraînent un rejet social sévère. La maladie atteint près d’1,5 millions de personnes chaque année dans le monde. Le traitement actuel, qui contient des métaux lourds et toxiques, est difficilement accessible, laissant les malades défigurés.
Le mycétome
Maladie chronique causée, selon les cas, par des champignons ou des bactéries, le mycétome s’installe dans les tissus sous-cutanés, puis progresse vers les os. Il provoque des tuméfactions, des fistules et des déformations douloureuses, souvent au niveau des pieds. Sans prise en charge, il mène à l’amputation. Des surinfections bactériennes sont, en outre, courantes et peuvent entraîner une septicémie fatale si elles ne sont pas traitées. Endémique dans plusieurs régions tropicales, le mycétome illustre la brutalité d’une infection banale au départ (généralement une simple plaie au pied) qui se révèle être un problème de santé publique.
La gale
Causée par l’acarien Sarcoptes scabiei, la gale est une parasitose cutanée extrêmement contagieuse. Elle provoque des démangeaisons insupportables, des lésions multiples qui s’infectent facilement et touche souvent des familles entières. Longtemps considérée comme bénigne, elle est désormais reconnue par l’OMS comme une MTNC, tant ses conséquences sont invalidantes et aggravent la pauvreté et l’exclusion.
Les plaies chroniques
Outre les pathologies infectieuses, l’OMS encourage à inclure dans la lutte contre les MTNC les patients souffrant de plaies chroniques d’autres origines, comme les infections de plaies accidentelles, les brûlures ou les complications du diabète. C’est une dimension que la Fondation a pleinement prise en compte.
Lutter contre la lèpre, c’est aussi refuser d’ignorer ses maladies cousines. Les MTNC, tout comme la lèpre, défigurent, handicapent et rejettent les plus pauvres au bord du chemin. En choisissant de s’engager aussi contre elles, la Fondation Raoul Follereau est fidèle à son héritage : ne pas fermer les yeux, mais redonner aux malades une place, une dignité et un avenir.
du public.