Du 11 au 13 septembre s’est tenu le 20ème congrès international sur la lèpre à Manille, aux Philippines. Durant trois jours, une cinquantaine de pays ont échangé sur leurs avancées scientifiques et sociologiques sur la maladie. Le thème de cette année, global partnership, reflète bien cette approche de coopération.

 

 

 

Le docteur Christian Johnson, médecin de la Fondation Raoul Follereau et président de l’International Leprosy Association (ILA), a ouvert le congrès le 11 septembre de pair avec le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Santé des Philippines, Francisco Duque. Pour cette vingtième édition, les organisateurs ont voulu mettre en avant les plus-values d’un partenariat entre les acteurs de la lutte contre la lèpre. « Nous devons travailler ensemble en innovant », souligne le docteur Johnson dans son introduction. La lèpre n’est pas une maladie du passé et les objectifs du programme de l’OMS 2016-2020 sont toujours d’actualité à savoir : zéro transmission, zéro handicap, zéro discrimination. Cette année, une centaine d’anciens malades de la lèpre se sont retrouvés avant le congrès pour deux jours d’échanges et de réflexions autour de leur ancienne ennemie. Ils sont ensuite été conviés au congrès.

 

« L’outil de l’espoir contre la lèpre »

 

Le docteur Bertrand Cauchoix a animé la session francophone du congrès.

La session francophone, animée par le docteur Bertrand Cauchoix, médecin de la Fondation Raoul Follereau, a mis en lumière un phénomène inquiétant en Afrique de l’Ouest. En effet, les médecins des programmes nationaux de lutte contre la lèpre ont relevé une augmentation du nombre d’enfants malades de la lèpre ayant une incapacité de degré deux. Ce qui implique que le jeune vivra le reste de sa vie avec des séquelles handicapantes. Le Brésil déplore les mêmes constats, particulièrement près des côtes du pays.

Par ailleurs, trois projets au cœur de l’innovation ont été présentés lors de ce congrès : la prophylaxie, WASH et le vaccin contre la lèpre. La Fondation Raoul Follereau est engagée sur ces trois fronts.

« La prophylaxie est l’outil de l’espoir pour lutter contre la lèpre », a souligné le professeur Peter Steinmann, de l’université de Basel, lors de la conférence plénière. Après des tests concluants au Bangladesh, un nouvel essai clinique, appelé projet PEOPLE, a débuté fin 2018 à Madagascar et aux Comores avec le soutien de fonds européens. Le docteur Bertrand Cauchoix est en charge de la partie malgache. En quatre ans, plus de 30 000 habitants du district de Miandrivazo seront auscultés dans le cadre de missions de dépistage.  Par la suite, la prophylaxie sera pratiquée. « Il s’agit d’une méthode préventive qui consiste à donner une dose d’antibiotique, la rifampicine, aux proches des malades de lèpre », explique le docteur Cauchoix Avec une prévalence de 0,84 cas de lèpre pour 10 000 habitants, Madagascar est l’un des dix pays les plus endémiques. « Notre dossier est légitime et il existe un bon terrain de prophylaxie. »

Le docteur Ilboudo du programme national lèpre du Burkina Faso a pointé du doigt l’augmentation du nombre d’enfants atteints de la lèpre avec des incapacités de degré 2.

Pour aller plus loin >>> Une nouvelle méthode de traitement préventif à Madagascar

Au Bénin, à Agonvè, la Fondation Raoul Follereau mène un projet pilote avec une stratégie globale de prise en charge des malades de la lèpre. Le congrès a permis de souligner l’importance du WASH dans les projets de lutte contre les maladies tropicales négligées.

Pour aller plus loin >>> Qu’est-ce que le projet WASH ?

Le docteur Christian Johnson a clôturé le congrès en annonçant que l’Inde sera le prochain pays d’accueil.