Au Bénin, dans les zones rurales reculées, les jeunes filles sont encore mariées de force. Les plus chanceuses parviennent à prendre la fuite. Des religieuses les accueillent dans un centre à Kourafa. Avec beaucoup d’amour et de patience, les religieuses pansent les blessures de ces jeunes filles, leur apprennent un métier et tentent une médiation avec la famille.
Au début du mois d’octobre, quatre jeunes filles du centre Maria Goretti à Kouarfa, au Bénin, ont obtenu leur certificat de qualification professionnelle en tissage après trois ans d’étude au foyer. Ces dernières ont échappé au mariage forcé en se réfugiant au centre, tenu par des religieuses. En décembre 2019, elles ont reçu chacune un métier à tisser afin de pouvoir s’installer dans leur village d’origine et gagner leur vie. En effet, les religieuses sont parvenues à réconcilier les quatre jeunes filles avec leur famille. Un long et patient travail de médiation. Une des religieuses affirment que « la plupart du temps, les choses s’arrangent quand la famille se rend compte que leur fille peut gagner de l’argent… »
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Anne : « Ils m’ont attaché comme une bête. »
Anne a été promise en mariage à un vieil homme alors qu’elle n’était encore qu’un bébé. Son oncle maternelle est à l’origine de cette alliance au nom des traditions. En raison de cette promesse, Anne n’est jamais allée à l’école. Lorsqu’elle eut douze ans, sa famille lui enjoignit de se rendre chez son nouvel époux. Mais la petite refusa et demanda à ses parents de la laisser grandir au sein de la famille et de lui permettre de choisir, plus tard, son futur mari. Face à son refus obstiné, ses parents appelèrent ses oncles en renfort. Ces derniers ont alors attaché les pieds et les mains d’Anne comme un animal puis sur une moto pour l’emmener chez son mari. « Je faisais des mouvements pour m’échapper », se souvient Anne, « je suis tombée plusieurs fois de la moto. » Pris de fureur, l’oncle qui la transportait s’arrêta, la délia et la fouetta jusqu’au sang. Malgré la douleur et la peur, la petite Anne parvint à s’échapper des griffes de son oncle. Apeurée, elle se cacha dans la brousse tant et si bien que ses poursuivant ne la trouvèrent pas.
Vers la tombée de la nuit abattue par la douleur, la fatigue du chemin, la faim et la soif Anne s’est assise sous un arbre en pleurant. Par chance, un homme s’arrêta à sa hauteur. Pris de pitié, il lui demanda si elle connaissait une personne à Kouarfa. « Mais je ne connaissais personne », explique Anne. L’homme lui proposa alors de l’amener chez les sœurs. C’était en 2015, au beau milieu de la nuit, que les sœurs accueillirent la jeune Anne
Au centre Maria Goretti, Anne se forme au métier de tissage. Au mois d’octobre 2019, elle obtint son Certificat de Qualification Profession (CQP). « L’appui financier de la Fondation Raoul Follereau nous a permis de lui payer les kits pour son installation », explique la directrice du centre. De plus, grâce à l’intervention des sœurs et leur beau travail de médiation, sa famille d’Anne a accepté de la reprendre. Anne est très contente de sa réinsertion familiale, de sa réussite au CQP et de son installation.