Blandine est l’assistante sociale du Centre de dépistage et de traitement de la lèpre et de l’ulcère de Buruli (CDTLUB) à Pobè, au Bénin. Depuis 2013, elle accueille, écoute et accompagne les patients soignés à Pobè qui rencontrent des difficultés sociales et financières pour subvenir à leurs besoins ou se réinsérer dans la société.
Sur les rives du lac Nokoué, au sud du Bénin, la commune de Sô-Ava rassemble plusieurs villages lacustres dont ceux de Sô-Tchanhoué et de Sô-Zounko. C’est là qu’est née Blandine Sezonlin. L’enfant apprend à lire et à écrire dans l’école sur pilotis de son village. Elle rêve alors de devenir médecin, à l’image de sa marraine Annick Chauty – qui deviendra directrice du CDTLUB de Pobè. Soutenue par son père et par celle-ci, Blandine a seulement 10 ans lorsqu’elle quitte sa famille et cette vie sur l’eau pour rejoindre l’internat d’Abomey-Calavi. Elle y obtient le certificat d’études primaires et poursuit sa scolarité au collège catholique de Pobè puis au lycée confessionnel de Ouidah. Avec une mention au baccalauréat, Blandine bénéficie d’une bourse qui lui permet d’entrer à l’Ecole Supérieure des Assistants Sociaux de la Faculté des sciences de la santé de Cotonou.
À l’époque où Blandine recherche son premier emploi, l’équipe de la Fondation Raoul Follereau du CDTLUB de Pobè constate que de nombreux jeunes soignés au centre sont confrontés à des difficultés dans leur parcours scolaire, puis au moment de leur réinsertion dans la société. C’est ainsi que Blandine est recrutée, en 2013, au poste nouvellement créé d’assistante sociale du CDTLUB. Dans un premier temps, elle se consacre aux plus jeunes. Hospitalisés ou accompagnant un parent malade pendant de longues périodes, les enfants sortent du système scolaire. Pour pallier ces décrochages, une petite école a été ouverte en 2008 au sein du centre, une institutrice y donne classe à une quinzaine d’élèves de tous niveaux et de tous âges. Depuis 2020, un système de bourses scolaires est également mis en place afin de permettre aux enfants qui ont été accueillis et soignés à Pobè de poursuivre leur scolarité, malgré les handicaps liés à la maladie. (Voir l’article : Bénin : Comment aider les enfants à se reconstruire après la maladie ? )
Au fil des années, l’attention de Blandine s’est également portée vers les adultes. Qu’ils soient eux-mêmes malades ou parents d’enfants malades, certains manquent de ressources pour régler les frais d’hospitalisation, d’autres peinent à retrouver du travail à leur sortie de l’hôpital.
« On réfléchit ensemble »
Le regard plein de bonté et le sourire contagieux, Blandine accueille les patients toquant à sa porte. Son métier consiste d’abord à écouter. Les visiteurs lui exposent leurs difficultés, elle s’intéresse à ce qu’ils expriment et à ce qu’ils taisent, de leur situation de famille, leurs conditions de vie ou leurs espoirs enfouis. Elle mène ensuite une enquête sociale afin de définir les ressources et les besoins de chacun, se rendant souvent jusqu’au village d’origine des patients. Blandine a à cœur de trouver des solutions avec les malades : « Rien ne peut être fait sans leur accord, ni sans leur participation : on réfléchit ensemble ».
Et ce métier qu’elle exerce, au service des malades comme elle le rêvait enfant, est un lieu d’accomplissement : « Ma plus grande joie est de voir les malades, arrivés sans espoir, se relever et découvrir qu’ils peuvent faire quelque chose. »
Blandine garde aussi en mémoire le témoignage de ces jeunes malades soignés au CDTLUB : « Si nous n’étions pas passés par Pobè, nous n’aurions pas guéri et n’aurions pas trouvé l’espoir ni la force de nous relever. »
Retrouvez son interview ici :
Blandine, une assistante sociale au grand cœur – YouTube
© Photo et vidéo : Marie-Charlotte Noulens