Depuis la fermeture des frontières en juillet dernier, la situation économique, au Niger, s’est fortement dégradée. Issiakou Djibo témoigne de la grande résilience de la population. Lui-même est engagé auprès des communautés du pays depuis plus de 10 ans, dont celle de Koira Tégui à Niamey, en lien avec la Fondation Raoul Follereau.

 

Dans le village de Danja, au sud du Niger, se trouve l’un des premiers centres de traitement de la lèpre. Issiakou Hararou Djibo est né là, en 1985, dans une fratrie de sept enfants. À l’âge de deux ans, le garçon est envoyé à Niamey vivre chez son oncle et sa tante qui, n’ayant pas d’enfant, l’adoptent. Son père adoptif travailla comme cadre au sein de l’ambassade des Etats-Unis tandis que sa mère petit tenait un commerce de jus sur les marchés. Tous deux étaient reconnus pour leur empathie :

« J’ai grandi entouré de parents qui aidaient constamment leur communauté.

Marqué par ce témoignage, j’ai souhaité prendre leur suite. »

Muni d’une licence en gestion de projet et comptabilité de l’Université Abdou Moumouni à Niamey, Issiakou commence à travailler dans le secteur caritatif. En 2013, sa rencontre avec un missionnaire américain, le docteur Bernie Bledsoe, est déterminante. Ce dernier arrive au Niger après avoir travaillé durant plusieurs années en Côte d’Ivoire, en appliquant la méthode « Education santé communautaire » (ESC). Le docteur Bledsoe monte une nouvelle équipe au Niger et cherche une personne au « cœur compatissant » : Issiakou, convaincu par la pertinence de la méthode ESC, est recruté.

Les communautés prennent en main leur avenir 

L’organisation non gouvernementale (ONG) qu’ils créent prend le nom d’ISSA Niger. Durant huit ans, tous deux œuvrent, avec la méthode ESC, auprès des groupes de malades tenus à l’écart de la société, des associations de femmes.

« La force de nos programmes, c’est de laisser les communautés identifier leurs besoins puis de les aider à trouver des solutions qu’elles peuvent réaliser elles-mêmes, à partir de leurs talents et de leurs ressources.

Les gens prennent en main leur avenir. Cela change des vies, et les mentalités évoluent !  »

En 2021, Issiakou devient directeur d’ISSA Niger, qui agit désormais dans des communautés urbaines et en milieu rural. Dans la périphérie de Niamey, il travaille avec la Fondation Raoul Follereau, au service des malades de la lèpre et des populations vulnérables rassemblées dans le quartier de Koira Tégui.

Voir l’article :  [Une vision pour un changement durable]

À Koira Tégui, le travail se poursuit

Les habitants du quartier de Koira Tégui vivent dans des conditions très précaires, ils ont donc été touchés de plein fouet par l’inflation des prix des produits de base – le riz, le maïs, les médicaments – depuis juillet dernier. Néanmoins les communautés s’adaptent et développent de nouvelles activités génératrices de revenus. Issiakou en témoigne avec admiration : « Nos communautés sont résilientes ».

Au cours des derniers mois, l’équipe d’Issa Niger a travaillé avec les groupes constitués au sein des communautés de Koira Tégui, pour annoncer le dépistage de la lèpre à venir. Ce dépistage aura débuté à la fin du mois de novembre, organisé par le Programme national de lutte contre la lèpre, avec le soutien de la Fondation.

 

 

[Photographie : Issiakou Djibo, au centre, auprès d’habitants du quartier de Koira Tégui. © Issa Niger]