Le 25 septembre dernier, des milliers de Malgaches descendaient dans les rues pour contester les coupures d’eau et d’électricité. Au cours des deux semaines qui ont suivi, la crise sociale est devenue politique. À l’heure où la population craint une suspension de l’aide internationale, la Fondation Raoul Follereau demeure, avec ses partenaires, aux côtés des malades.

 

Le 25 septembre dernier, plusieurs milliers d’habitants sont descendus dans les rues d’Antananarivo, menés par les étudiants du mouvement social « Gen Z ». Parallèlement, des manifestations ont secoué les grandes villes du pays : Antsirabe, Diego Suarez, Tamatave, Toliara, Mahajanga. En cause : les délestages d’eau potable et d’électricité qui sont allés croissants, dans les 6 mois précédents, alors que la saison sèche sévissait, affectant gravement les conditions de vie de la population.

Au cours des deux semaines qui ont suivi le 25 septembre, les contestations ont évolué sur un plan politique et conduit au départ du président de la République Andry Rajoelina et à l’arrivée des militaires au pouvoir, le 14 octobre. Les manifestations ont coûté la vie de 22 civils selon l’ONU, 12 selon les autorités locales. À Antananarivo, alors que la suspension des aides publiques étrangères menace, à l’instar de celle qui avait suivi la crise de 2009, l’équipe de la Fondation Raoul Follereau s’adapte afin de maintenir son aide aux centres et aux malades.

Un soutien continu durant les crises

« Nous avons fermé, dès le 25 septembre, par sécurité, les bureaux de la Fondation à Antananarivo car ils sont à quelques minutes à pied de la Place de la Démocratie, place symbolique que cherchaient à atteindre les manifestants malgré les barrages, explique Joëlle Rakotonanahary, et nous avons poursuivi le travail depuis nos domiciles. » La représentante de la Fondation Raoul Follereau à Madagascar est en contact régulier avec les partenaires dans le pays et le Programme national de lutte contre la lèpre (PNL), s’assurant quotidiennement des besoins des malades et des soignants.

Les préoccupations dont ils lui font part varient selon les régions. Les pénuries d’eau frappent tout le territoire depuis de longs mois : « Certains centres de référence (dits COR2) peuvent héberger jusqu’à 40 malades pendant plusieurs mois, alors les pénuries d’eau sont un vrai problème pour l’accès à l’eau et à l’hygiène. Dans la brousse c’est un peu différent, certains centres disposent de puits, l’impact est donc moindre. »

Quant aux coupures d’électricité, elles inquiètent particulièrement les responsables des centres comprenant un laboratoire équipé de matériel de stérilisation et de réfrigérateur contenant les prélèvements. Au-delà même de ces impacts matériels spécifiques, les délestages effectués par la compagnie nationale d’eau et d’électricité – la JIRAMA – se traduisent par un manque de lumière et une insécurité nocturne grandissante. Depuis plusieurs années déjà, la Fondation Raoul Follereau aide ainsi les centres à s’équiper en panneaux solaires pour gagner en autonomie.

La reprise des activités en régions

Si le soutien à distance a été maintenu, les activités programmées pour le mois d’octobre ont été suspendues : des missions de dépistage et de supervision avec le PNL, mais aussi le suivi des centres et une mission chirurgicale. Or la saison des pluies commence en novembre, avec son lot d’inondations et de pistes impraticables, rendant plus difficiles les déplacements en région.

Joëlle Rakotonanahary, et son équipe derrière elle, se veulent néanmoins optimistes :

« Le calme est revenu dans les rues d’Antananarivo depuis lundi, les commerces et les banques rouvrent progressivement, nous sommes également de retour à la Représentation et nous préparons à reprendre les activités sur le terrain.

 Dans tous les cas, grâce au soutien de tous les donateurs, nous continuerons la mission de la Fondation auprès des plus vulnérables. »

Malgré la crise, notre engagement reste intact. Ensemble, continuons à soutenir les populations les plus fragiles