Dans la capitale tchadienne, les malades de la lèpre sont référés vers le centre de santé d’Habbena où, jusqu’à de récents travaux, les conditions de leur prise en charge étaient très limitées.
Moins de 6m², une table, deux chaises, un plafond poreux. Tel était l’espace exigu dont disposait jusqu’alors Maïllarmé Taïtouin pour prendre en charge les malades de la lèpre, dans le centre de santé d’Habbena, à N’Djamena. L’infirmière, en poste depuis 2012, devait emprunter d’autres salles pour pratiquer un examen approfondi ou soigner des plaies. Or, chaque jour, se succèdent face à elle près d’une dizaine de patients : des cas suspects, de nouveaux malades (en moyenne 40 par an), d’anciens se présentant avec des complications (une centaine par an) ou encore des enfants de malades vivant à proximité.

Sans salle d’hospitalisation, l’infirmière empruntait une salle où elle disposait des nattes pour héberger les patients nécessitant un suivi quotidien. ©Marie-CapucineGaitte

Aux abords du bâtiment, le quartier d’Habbena où vivent d’anciens malades et leurs familles est très pauvre et sujet aux inondations. ©Marie-CapucineGaitte

Maïllarmé Taïtouin prend soin des malades et anciens malades mais aussi de leurs proches qu’elle visite régulièrement dans le quartier d’Habbena. ©Marie-CapucineGaitte
Des besoins criants
Pour ses 20,3 millions d’habitants, le Tchad déplore un manque patent de médecins spécialistes : seuls 6 dermatologues exercent dans le pays. Le travail d’infirmiers formés sur la lèpre, telle Maïllarmé est donc essentiel et il devenait urgent d’améliorer la prise en charge des malades d’Habbena. En 2024, un projet de réhabilitation d’un bâtiment appartenant au ministère de la Santé et jouxtant le centre est soutenu par la Fondation Raoul Follereau et approuvé par les autorités. Il est aussi présenté aux 120 anciens malades vivant dans ce quartier pauvre et insalubre.
Le bâtiment offre désormais un espace dédié à chaque étape de la prise en charge : salle de consultation, salle de soin, salles d’observation, bureau et pharmacie. De nouvelles conditions d’accueil qui réjouissent l’infirmière : « ce bâtiment va changer beaucoup de choses, c’est une très bonne nouvelle pour les malades ».

Arnaud de Longevialle, représentant de la Fondation au Tchad, et Abraham Gayan de l’Association de Solidarité aux Lépreux du Tchad (ASALT), échangent sur le projet de réhabilitation du bâtiment. ©Marie-CapucineGaitte