Depuis novembre 2021 Rutshuru, chef-lieu de territoire de la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo est l’épicentre d’attaques menées par le M23 (« Mouvement du 23 mars »), groupe issu d’une ancienne rébellion tutsi, qui a repris les armes en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté un accord sur la démobilisation de ses combattants.

Les sœurs du centre Matumaini poursuivent leur mission dans un contexte d’instabilité où la peur se propage dans la population. « La situation est toujours préoccupante là-bas, mais aujourd’hui c’était particulièrement grave car tout près du centre, je pouvais entendre les bombes tomber à travers le téléphone » confiait Sr Angeline Supérieure Régionale contactée par la responsable des projets éducation de la Fondation Raoul Follereau.

Quelques sœurs et les populations le pouvant ont fui pendant 5-6 jours à Goma. Les populations les plus pauvres sont venues se réfugier au centre de santé de Matumaini. « Ils se sentent protégés parmi nous ».

Sœur Agnes est quant à elle resté au centre : « Si je pars, nous rapporte sr Angéline, la population aura encore plus peur ». Elle a d’ailleurs convaincu le personnel de santé de rester afin d’apporter des soins et de fournir des médicaments.

Aujourd’hui, la plupart des gens sont rentrés chez eux. Il y a eu des pillages et des vols. Ainsi, au cours du mois de juillet 2022, les sœurs Pallottines ont été attaquées à 3 reprises. La première fois, en franchissant la clôture, ils ont détruit les chiens à la machette et volé deux chiots. La fois suivante, sœur Marie-Christine a appelé la police qui n’est venue qu’après deux heures d’attente. La troisième fois, les agresseurs sont passés par le manguier.

Le veilleur a appelé à l’aide et les réfugiés accueillis par les sœurs depuis le printemps sont venus secourir les sœurs (afflux de réfugiés des régions environnantes en raison des heurts provoqués par des groupes rebelles. Les sœurs hébergent des réfugiés dans le Centre de Santé pendant la nuit). Les hommes ont tenté de voler la voiture, en vain. Les sœurs ont dû déplacer la voiture à Goma pour la mettre à l’abri et essaient de ne montrer aucun signe de richesse particulier.

Les sœurs sont traumatisées et le gardien a peur. Les enfants sont en vacances mais viennent deux fois par semaine pour travailler au Centre de Santé, nettoyer et font des beignets et les vendent. Ainsi ils évitent de se perdre pendant les vacances, à errer ici et là. Les activités se poursuivent de jour. La menace de pillage est surtout nocturne.

Si les sœurs fuient, la population sera découragée.

Sœur Dominique : « En RDC, les enfants malnutris ne savent pas sourire »

 

Matumaini signifie « Espérance » en kiswahili.

Le centre est né du contexte de la guerre en 1994 avec l’afflux de réfugiés rwandais. Un orphelinat de fortune fut créé au départ. En 1998, le Centre s’installe à Murambi proche de la ville de Rutshuru et y ouvre des activités nutritionnelles en faveur des mal-nourris. En 2010, il se lance dans le soutien des écoliers déplacés et des plus pauvres qui étudient à l’école primaire de Matumaini. En 2011, il commence à accueillir les enfants des rues pour les resocialiser et les réintégrer dans le circuit scolaire.

La Fondation Raoul Follereau apporte un soutien à ce projet depuis 1994.

En 2018, suite au départ des grandes ONG et à un afflux de déplacés internes, le centre lance un appel au secours à la Fondation pour pouvoir accueillir et prendre en charge le nombre très important d’enfants en situation de malnutrition à Rutshuru. Cette activité se confirme en 2019 et en 2020 grâce au soutien du Fonds de dotation de la Compagnie fruitière. Début août 2022, après un premier soutien accordé en 2021, la Fondation d’entreprise Air France renouvelle également son engagement à nos côtés en décidant d’affecter 14 k€ au financement des frais de scolarité de 338 enfants des rues au Centre Matumaini en RDC pour l’année scolaire 2022-2023.

Partenaire : Congrégation Religieuse des Sœurs Pallotines. La gestion du centre est assurée par Sœur Dominique Laskowska depuis 2004, et par Sœur Marie-Claire Mukeshimana depuis juillet 2021 (par intérim).

Activités :

  • Encadrement et réinsertion des enfants dans la rue et de la rue, les Maibobos : Accueil, assistance, repas, alphabétisation pendant une année scolaire (avec travail de rapprochement et réconciliation avec les familles) ;
  • Scolarisation et formation professionnelle pendant les années qui suivent. Scolarisation des enfants vulnérables et pauvres ;
  • Prise en charge médicale et nutritionnelle des enfants mal nourris ;
  • Consultations médicales et nutritionnelles.