Fleuves, cartographie, enquêtes… et ulcère de Buruli ! Le parcours d’Alexandra Boccarossa reflète sa détermination à mieux comprendre les liens existant entre l’environnement et cette maladie mystérieuse.
« Le fil conducteur de mon parcours, c’est l’eau, et plus précisément les eaux intérieures et de surface » rapporte Alexandra Boccarossa. À l’Université Rennes 2, en 2018, Alexandra soutint sa thèse en géographie-aménagement de l’espace, sur la qualité des cours d’eau bretons. La même année, la réponse à une offre de post-doctorat émise par Sébastien Fleuret, directeur de recherche au CNRS (*), allait conduire la jeune chercheuse sur d’autres rives : celles du plus grand fleuve intérieur du Bénin, l’Ouémé.
« C’était un challenge pour moi, je ne connaissais pas du tout l’Afrique ! »
« Nous travaillons à l’échelle mico-locale »
Alexandra Boccarossa rejoint ainsi la recherche sur l’ulcère de Buruli. « Dans le projet GÉANT, Sébastien Fleuret ne cherchait pas un(e) spécialiste de la maladie, mais quelqu’un pour se poster face à des points d’eau dans une zone où la maladie est endémique, au sud-est du Bénin, et pour y observer les activités pratiquées afin de mieux comprendre les comportements et configurations à risque de contamination par la bactérie ». Durant deux ans, la géographe a alterné les observations itinérantes et celles postées au bord du fleuve Ouémé, des ruisseaux et des marigots. Les données recueillies ont contribué à l’identification des facteurs de risque, par les équipes de recherche du CNRS et de l’Inserm d’Angers (**).
De 2022 à 2024, dans le cadre du projet COPTER-UB, Alexandra s’est ensuite concentrée sur les zones de bas-fonds : ces plaines inondables et vallées encaissées humides à proximité du fleuve Ouémé. Guidée par les analyses du laboratoire de l’Inserm, Alexandra a pu se rendre sur les lieux suspects et enquêtant auprès des patients et témoins.
« Notre objectif, en tant que géographes, c’est de passer de l’échelle régionale à l’échelle locale, puis à l’échelle micro-locale au niveau des plantes et des trous d’eau : à chaque projet nous cherchons à affiner un peu plus les données ».
Cette recherche à la fois de terrain et d’analyse la passionne : « J’ai aimé travaillé dans ces projets car c’est très concret, il y a des pistes de recherche et la maladie est encore très mystérieuse ! »
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(*) CNRS : Centre national de la recherche scientifique
(**) Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale