Un nouvel essai clinique dirigé par l’Institut de médecine tropicale d’Anvers débute à Madagascar et aux Comores dans le cadre de la stratégie mondiale de lutte contre la lèpre 2016 – 2020.

 

« Nous avons soumis un projet à financement européen qui a été retenu. » Le docteur Bertrand Cauchoix, conseiller médical de la Fondation Raoul Follereau à Madagascar, est en charge d’une nouvelle étude avec l’appui de quatre co-chercheurs malgaches. Ce projet scientifique est mené de pair avec le ministère de la Santé du pays.

 

La prophylaxie : une efficacité prouvée

 

En quatre ans, ils vont ausculter plus de 30 000 habitants du district de Miandrivazo dans le cadre de missions de dépistage et mettre en place, par la suite, la prophylaxie. « Il s’agit d’une méthode préventive qui consiste à donner une dose d’antibiotique, la rifampicine, aux proches des malades de lèpre. » L’efficacité de la prophylaxie a été prouvée lors des essais au Bangladesh mais « l’OMS recommande aux chercheurs d’aller plus loin et de proposer un protocole de recherche pour sa mise en œuvre. Et c’est ce qu’on a fait », explique le médecin. Avec une prévalence de 0,84 cas de lèpre pour 10 000 habitants, Madagascar est l’un des dix pays les plus endémiques. « Notre dossier est légitime et il existe un bon terrain de prophylaxie », souligne le docteur Cauchoix.

Avec une prévalence de 0,84 cas de lèpre pour 10 000 habitants, Madagascar est l’un des dix pays les plus endémiques.

Dans le projet scientifique, la prophylaxie se décline en quatre stratégies pour un cas dépisté. Une partie de la population n’aura pas de prophylaxie. Pour une deuxième partie, les personnes dans la même maison auront de la rifampicine. Pour une troisième partie, les personnes de la même maison, plus ceux dans un périmètre de 30 à 60 mètres, prendront le traitement antibiotique. Et enfin, les personnes dans le domicile, plus les proches géographiquement, prendront de la rifampicine uniquement sur la base d’indicateurs biologiques par le biais de prélèvements sanguins. Ces recherches, plus poussées, sont soumises au Comité d’éthique National.

 

 

En quelques mois, les équipes de la Fondation ont rencontré les responsables administratifs de la région et des communes ainsi que les chefs de hameaux afin de leur présenter l’étude. « Nous avons recueilli leur consentement et mis en place des procédures d’enquête », précise le docteur Cauchoix. Elles ont également formé une centaine d’agents communautaires qui les épauleront pour les missions de dépistage.

 

Mesurer la capacité de mise en œuvre

 

A Madagascar, 15 000 à 20 000 nouveaux cas de lèpre sont dépistés chaque année. Mais, 50% de la population n’a qu’un faible accès au système de santé et n’est pas dépistée. « A ce jour, nous ne connaissons pas le poids réel de la lèpre dans la population malgache », souligne le médecin. En auscultant les habitants des trois communes, « nous aurons une meilleure connaissance de la valeur épidémiologique de la lèpre dans ce district, sous couvert du programme national. »

 

La mission de dépistage porte à porte débute le 14 janvier. « La charge de travail pour cette mission est énorme. L’Union Européenne a des conditions très contraignantes dans un pays comme Madagascar », précise le docteur Cauchoix. Il faudra des heures de moto, voiture ou pirogue pour atteindre les populations les plus isolées. « Nous allons mesurer la faisabilité d’un tel projet. Dans le rapport efficacité/coût, le ministère de la Santé ne doit pas être déficitaire. » La mise en œuvre de la prophylaxie sera aussi à l’étude, et « nous allons comparer les quatre types de stratégie. »