Du 26 février au 7 mars dernier, en Guinée, malgré un contexte de grève générale, une tournée de supervision des centres de prise en charge des invalidités liées la lèpre a été assurée par le Programme national de lutte contre la lèpre et la Fondation Raoul Follereau.

« La grève a failli faire échouer la mission » rappelle le docteur Fatoumata Sakho, chef de bureau de la Fondation Raoul Follereau en Guinée. Le 26 février dernier, une grève générale était déclarée par les centrales syndicales du pays, conduisant à une fermeture des banques, des écoles et de nombreux commerces de la capitale., qui allait durer trois jours. Dans un contexte économique difficile, accentué par l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures du pays deux mois plus tôt à Conakry, les revendications des syndicats portaient notamment sur la baisse des prix des denrées de première nécessité.

Or le même jour, une équipe de médecins du Programme national de lutte contre la lèpre et de la fondation devait se rassembler, à Conakry, pour se rendre ensuite dans les centres du pays prenant en charge les complications  liées à la lèpre. Confinée chez elle, le docteur Sakho a coordonné la préparation par téléphone, encourageant les médecins des régions éloignées à rejoindre la capitale à moto. Contre toute attente, l’équipe entière a ainsi pu se réunir à temps : le docteur Sakho et le docteur Michel-Yves Grauwin venu de France, pour la fondation, deux médecins de santé publique du Programme national, et deux cliniciens, un kinésithérapeute de Macenta et un chirurgien de Pita.

15 ans de prise en charge des complications liées à la lèpre en Guinée

En Guinée, en 2023, 244 nouveaux malades de la lèpre étaient dépistés – 161 dans les zones d’intervention de la fondation, dont 18% souffrant d’une invalidité. Pour le docteur Sakho, la prise en charge des invalidités et la réadaptation physique (PIRP) des malades et anciens malades est fondamentale : « cela ne sert à rien de les guérir si on ne prend pas en charge les complications de la lèpre ». Deux fois par an, des tournées de supervision sont ainsi organisées afin de former et suivre les agents de santé des cinq centres de PIRP : Kindia en Basse-Guinée, Kankan en Haute-Guinée, Macenta en Guinée forestière, Pita en Moyenne-Guinée et, plus récemment, Dubréka dans la grande banlieue de Conakry.

La mission de février-mars a été l’occasion de former deux nouveaux tandems de superviseurs composés, chacun, d’un médecin de santé publique et d’un clinicien.

Le docteur Grauwin, qui chaque année assure une des deux missions de supervision, salue le travail effectué en 15 ans : « Quand on se retourne sur les 15 dernières années, il y a eu une nette amélioration de la prise en charge des invalidités liées à la lèpre dans le pays, tant en termes de compétences que de structures » . Et le docteur Sakho de renchérir : « Tout début est difficile pour rassembler les acteurs autour d’une même vision, mais ensuite tout ce qu’on fait avec le cœur devient facile. »

 

Voir aussi :

https://www.raoul-follereau.org/en-guinee-forestiere-les-medecins-de-la-fondation-evaluent-les-besoins/

https://www.raoul-follereau.org/le-docteur-sakho-nommee-chef-de-bureau-de-la-fondation-raoul-follereau-en-guinee/