Le professeur Mary Jackson est chercheur et membre de la commission médicale de la Fondation Raoul Follereau. Elle travaille depuis des années sur les bactéries et déplore le manque de moyens pour lutter contre la lèpre.

« J’adore tuer des bactéries ! » Mary Jackson est chercheur et membre de la commission médicale (COMED) de la Fondation Raoul Follereau ne cache pas sa fascination pour la bactériologie. « J’ai un parcours atypique. Je suis ingénieur agronome de formation. En troisième année d’étude, je me suis spécialisée en biochimie et génétique. J’ai eu la chance de faire mon dernier stage à l’Institut Pasteur. Ma vie avec les mycobactéries a commencé à ce moment-là. J’ai fait ma thèse sur la tuberculose et depuis, je dissèque des mycobactéries ! » Installée aux Etats-Unis depuis 2007, le professeur Mary Jackson travaille sur le développement d’antibiotique à Fort Collins. « Les traitements antibiotiques m’ont toujours attirée. Nous sommes 16 professeurs à travailler sur les mycobactéries. J’aime beaucoup ce système de recherche. Nous travaillons en équipe dans un environnement de recherche très riche. C’est important car la science évolue en permanence. D’ailleurs, la biologie évolue et les bactéries aussi ! Ce sont des cibles mouvantes. L’enveloppe qui entoure les mycobactéries a une structure et une composition unique. » Le bacille à l’origine de la lèpre appartient à la famille des mycobactéries, au même titre que la tuberculose. « Mon travail consiste à comprendre comment elles fonctionnent et essayer de trouver des nouvelles approches pour mieux les détruire. C’est assez fascinant ! »

 

Une application concrète

 

Le professeur Mary Jackson travaille dans le service Leprosy Research à Colorado State University.

La recherche sur la lèpre fait face à un manque de moyens. « Cette maladie n’attire pas les financements. Pendant des années, on pensait qu’on arriverait à s’en débarrasser. Pourtant, nous y sommes encore exposés. » Le président de la COMED, le professeur Stewart Cole et Mary Jackson ont travaillé en collaboration, il y a quelques années, à l’Institut Pasteur : « il m’a proposé d’intégrer la COMED pour mettre mes connaissances sur les mycobactéries au service de la lutte contre la lèpre et l’ulcère de Buruli. » Le professeur Mary Jackson travaille sur le développement d’antibiotiques contre la lèpre. « La lèpre se transmet car elle se dépiste tardivement mais aussi dans le cas où la bactérie développe une résistance au traitement. Actuellement, nous ne savons pas immédiatement si le patient répond bien au traitement ou s’il fait une complication car la lèpre est une maladie lente. » En d’autres termes, il faut un ou deux ans pour savoir si la bactérie chez un patient a été détruite. Deux années durant lesquelles il peut potentiellement infecter d’autres personnes. « Il n’existe aucun test qui pourrait donner cette information. Nous voulons y remédier afin d’avoir une réponse dans la journée. » Un résultat moléculaire permettra d’adapter le traitement et de diminuer le risque d’être handicapé par la lèpre. Mary Jackson travaille sur ce sujet, en cofinancement avec la Fondation Raoul Follereau, en collaboration avec un laboratoire au Brésil. « J ’ ai beaucoup appris en travaillant au sein de la COMED. » Les projets conduits dans ce cadre ont rapproché le professeur Mary Jackson du patient : « un mauvais traitement peut avoir des conséquences graves sur la vie des gens. Il faut donner aux patients le traitement le plus approprié, le plus tôt possible. »